La mise en œuvre des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme
Réponse à Recommandation
| Doc. 12801
| 30 novembre 2011
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- adoptée
à la 1127e réunion des Délégués des Ministres (23 novembre 2011) 2012 - Première partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 1955
(2011)
- Thesaurus
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
attention la Recommandation 1955 (2011) de l’Assemblée parlementaire
et se félicite de l'intérêt que porte l'Assemblée à l'obligation
du Comité de remplir aussi efficacement que possible sa mission
énoncée à l'article 46, paragraphe 2, de la Convention européenne
des droits de l'homme. Il tient à rappeler d'emblée sa conviction
qu’« une exécution rapide et effective des arrêts de la Cour contribue
à renforcer la protection des droits de l’homme dans les Etats membres
et à assurer l’efficacité à long terme du système européen de protection
des droits de l’homme »
Note.
2. Plus précisément, le Comité partage l'avis de l'Assemblée
au sujet de l'importance de fixer des priorités (paragraphe 1.1).
A cet égard, il rappelle que la nécessité de veiller à un traitement
prioritaire des problèmes les plus importants, notamment les affaires
qui demandent des mesures individuelles urgentes et celles qui révèlent
des problèmes systémiques, constitue une préoccupation constante
dans son travail, tel qu'il est prévu aux Règles du Comité des Ministres
pour la surveillance de l’exécution des arrêts et des termes des règlements
amiables (Règle n° 4).
3. La définition des priorités s'est récemment améliorée sur
des aspects importants dans le cadre du processus d’Interlaken.
En décembre 2010, les Délégués des Ministres ont adopté de nouvelles
méthodes de travail (1100e réunion) fondées sur une nouvelle approche
à deux axes concernant la fonction de surveillance du Comité. La
procédure de surveillance « soutenue » prévue par ce nouveau cadre,
qui englobe des mesures individuelles urgentes, des arrêts pilotes
et des arrêts révélant d'importants problèmes structurels ou complexes
identifiés par la Cour ou le Comité des Ministres, reflète les préoccupations
exprimées par l'Assemblée dans sa recommandation.
4. S’agissant du paragraphe 1.2, qui recommande au Comité des
Ministres « d’inciter les Etats confrontés à des problèmes structurels
à présenter des stratégies globales qui dessinent une approche claire
et détaillée pour exécuter les arrêts de la Cour par le biais de
mesures prises par l’ensemble des acteurs nationaux concernés, dans
le cadre d’une coordination au plus haut niveau politique », le
Comité rappelle que sa surveillance se fonde de plus en plus sur
des plans d'action depuis quelques années (voir notamment la Recommandation
CM/Rec(2008)2 sur des moyens efficaces à mettre en œuvre au niveau
interne pour l'exécution rapide des arrêts de la Cour européenne
des droits de l'homme). En outre, les nouvelles méthodes de travail
susmentionnées tiennent pleinement compte de la nécessité d'élaborer
des plans d'action ou, lorsque des mesures ont été adoptées, des
bilans d'action. Aujourd’hui, le type de stratégie évoquée dans
la recommandation de l'Assemblée figure donc souvent dans les plans
d'action adressés au Comité des Ministres au sujet des affaires
révélant d'importants problèmes structurels.
5. Dans son plan d'action, l’Etat défendeur indique généralement
au Comité des Ministres, conformément au principe de subsidiarité
et à la marge d'appréciation de l'Etat concernant les moyens d'exécution,
les stratégies qu’il a adoptées et les mesures concrètes qu'il entend
appliquer pour remplir ses obligations découlant de l'article 46,
à savoir rétablir le requérant dans ses droits et prévenir des violations
similaires. Les autorités informent ensuite régulièrement le Comité
des progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan d'action et présentent in fine un bilan d'action pour que
le Comité puisse s'assurer que toutes les mesures nécessaires ont
été adoptées.
6. En ce qui concerne les problèmes systémiques, il convient
de noter que le Service de l'exécution des arrêts de la Cour européenne
des droits de l'homme a conçu, en collaboration avec les Etats parties,
toute une série d'activités de coopération visant à aider les Etats
défendeurs à identifier et adopter des mesures pour résoudre ces
problèmes. Ces activités incluent une assistance législative, des
consultations à haut niveau, des formations et un partage de bonnes
pratiques grâce à des tables rondes réunissant des Etats qui sont
ou ont été confrontés à des problèmes similaires. L'Assemblée pourra
noter la contribution financière importante du Fonds fiduciaire
pour les droits de l'homme à la réalisation efficace de ces activités.
7. Pour ce qui est des mécanismes internes évoqués au paragraphe 1.3
de la recommandation, le Comité renvoie l’Assemblée à la série de
recommandations adoptées depuis 2000 pour aider les Etats, et en
particulier à la Recommandation CM/Rec(2008)2 sur des moyens efficaces
à mettre en œuvre au niveau interne pour l'exécution rapide des
arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme, adoptée en février
2008. Ces textes contiennent, outre des recommandations générales
sur la mise en œuvre de la Convention, des recommandations plus
spécifiques destinées à aider les Etats à rendre la procédure d'exécution
interne aussi efficace que possible. La mise en œuvre de ces recommandations
fait l’objet d’un suivi régulier dans le cadre de la surveillance
de l'exécution des arrêts par le Comité des Ministres. A cet égard,
celui-ci rappelle notamment qu'il a, comme l'Assemblée, souligné
l'importance de coordonner les efforts à des niveaux politiques
élevés.
8. Le Comité des Ministres a examiné les deux dernières recommandations
(paragraphes 1.4 et 1.5) plus particulièrement dans le contexte
des efforts visant à garantir l'efficacité à long terme du système
de la Convention. Ces éléments demeurent importants pour la surveillance
régulière de l'exécution des arrêts. Le Comité des Ministres rappelle
à ce sujet que les moyens dont il dispose se sont récemment renforcés sensiblement
avec l'entrée en vigueur du Protocole n° 14 le 1er juin 2010.