Le 23 novembre 2018, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) a lancé une nouvelle initiative pour lutter contre le sexisme, le harcèlement et la violence à l’égard des femmes dans les parlements, #PasDansMonParlement.
Lors d’une cérémonie à Helsinki, dans le cadre d’une réunion de la Commission permanente de l’Assemblée, des parlementaires d’États membres du Conseil de l’Europe se sont engagés à prendre des mesures au sein de leurs parlements nationaux pour éliminer ces comportements.
« Notre Assemblée doit envoyer un message fort et clair selon lequel ces comportements sont tout simplement inacceptables », a déclaré la Présidente de l'APCE, Liliane Maury Pasquier, à l'origine de l'initiative lancée à la veille de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (25 novembre).
L’action de l’APCE fait suite à la récente publication d’une étude régionale conjointe de l’Assemblée parlementaire et de l’Union interparlementaire (UIP), qui a révélé des niveaux alarmants de sexisme, de harcèlement et de violence à l’égard des femmes dans les parlements nationaux.
Lors d'entretiens confidentiels, 123 femmes de 45 pays européens – dont 81 parlementaires et 42 membres du personnel parlementaire – ont témoigné de leurs expériences d'abus psychologiques, sexuels, physiques ou économiques liés à leurs travaux parlementaires. Elles ont également évoqué les causes possibles de tels abus, leurs effets sur leur vie et les moyens de prévenir de tels comportements à l'avenir.
L'étude a montré notamment que :
« Le mouvement #MeToo n'a pas épargné le monde politique », a déclaré Mme Maury Pasquier. « Au contraire, le sexisme, le harcèlement et la violence à l’égard des femmes sont beaucoup trop répandus dans l’environnement parlementaire européen. Les chiffres présentés dans cette étude sont tout simplement inacceptables ».
La Présidente, conjointement avec la Présidente de l’UIP, a envoyé l’étude aux Présidentes et Présidents de parlement de tous les États membres du Conseil de l'Europe en les invitant à suivre ses recommandations. Elle a également suggéré que cette initiative pouvait dépasser le cadre parlementaire pour mobiliser un maximum de personnes : « Tout le monde peut adapter ce hashtag à sa propre situation, par exemple #PasDansMaVille, #PasDansMonUniversité, #PasDansMonEquipe. »
« Dans une démocratie, le parlement doit être une institution exemplaire et un lieu où les femmes et les hommes peuvent travailler sur un pied d'égalité, dans le respect et la sécurité. Ceci est important non seulement pour l'efficacité de l'institution, mais également pour l'image du parlement aux yeux du public. Je compte sur vous toutes et tous pour participer à cet effort commun : dire NON à l'intimidation, aux comportements sexistes, au harcèlement et à la violence sexiste », a-t-elle ajouté.
L’Assemblée organisera un certain nombre d’événements au cours des mois à venir pour faire passer le message de cette initiative.
Une personne interrogée a expliqué en détail ce qui était arrivé à l'une de ses collègues. « Un parlementaire harcelait une assistante. Lors d'un voyage d'affaires, il a essayé de s'introduire de force dans sa chambre. Il lui envoyait des messages à connotation sexuelle et menaçait de la renvoyer si elle ne cédait pas à ses avances. Elle a eu beau le dénoncer, mais c'est elle qui a dû démissionner, alors que lui a conservé son emploi. Et en plus, il est toujours parlementaire ».
L'étude UIP/APCE a révélé que peu de femmes s'élevaient contre les mauvais traitements. Seules 23,5 pour cent des femmes parlementaires et 6 pour cent des femmes membres du personnel parlementaire qui ont été victimes de harcèlement sexuel, ont signalé l'incident. Plusieurs des personnes interrogées ont déploré le fait qu'il n'existait aucun mécanisme au sein de leur parlement pour signaler les cas de harcèlement ou de violence.
Les Présidentes de l'APCE et de l'UIP ont décidé d'envoyer l'étude à tous les Présidentes et Présidents de parlement des 47 Etats membres du Conseil de l'Europe, en les invitant à prendre les mesures nécessaires.
Les parlements ne sont pas à la hauteur des attentes des femmes parlementaires, par Gabriela Cuevas et Liliane Maury Pasquier (français, espagnol)