La violence à l’encontre des chrétiens au Proche et au Moyen-Orient
Réponse à Recommandation
| Doc. 12724
| 28 septembre 2011
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- adoptée
à la 1121e réunion des Délégués des Ministres (21 septembre 2011) 2011 - Quatrième partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 1957
(2011)
- Thesaurus
1. Le Comité des Ministres a examiné la
Recommandation 1957 (2011) de l’Assemblée parlementaire sur « La violence à l’encontre
des chrétiens au Proche et au Moyen-Orient ».
2. Au sujet des questions et des événements tragiques auxquels
l’Assemblée y fait référence, le Comité des Ministres rappelle qu’il
a fermement condamné ces actes dans la Déclaration sur la liberté
religieuse qu’il a adoptée en janvier 2011. Par la même occasion,
il a réaffirmé le caractère inaliénable des droits fondamentaux
que sont la liberté de pensée, de conscience et de religion, en
soulignant qu’« il ne peut y avoir de société démocratique fondée
sur la compréhension et la tolérance sans respect de la liberté
de pensée, de conscience et de religion. La jouissance de cette
liberté est une condition nécessaire pour vivre ensemble ».
3. Pour ce qui concerne plus particulièrement la situation dans
les Etats du Proche et du Moyen-Orient, le Comité des Ministres
travaille au développement d’une politique cohérente à l’égard de
régions voisines, en vue de promouvoir le dialogue et la coopération
avec les pays et les régions situés à proximité de l’Europe qui sollicitent
l’assistance du Conseil de l’Europe, sur la base des valeurs communes
de droits de l’homme, de démocratie et d’Etat de droit. Au vu des
moyens dont dispose l’Organisation, une telle stratégie devra être ciblée
et menée en coopération avec les voisins de l’Europe ainsi qu’avec
les partenaires internationaux pertinents. Le Conseil de l'Europe
peut offrir son expertise dans le domaine de la protection de la
liberté de pensée, de conscience et de religion et partager son
expérience en matière de promotion des normes de protection des
droits des personnes appartenant à des minorités religieuses. Le
Comité des Ministres gardera à l’esprit les recommandations formulées
par l’Assemblée sur cette question.
4. Le Comité des Ministres partage la conviction de l’Assemblée
selon laquelle il est nécessaire d’agir contre tout fondamentalisme
religieux et toute manipulation de croyances religieuses pour des
motifs politiques. Il considère l’éducation, le travail de jeunesse
et le dialogue interreligieux comme des outils importants pour contribuer
à prévenir et à combattre ces phénomènes. Il convient également
de la nécessité de s’attaquer aux stéréotypes et aux préjugés antichrétiens,
approche qui doit être étendue au traitement de l’ensemble des religions
et convictions. C’est une condition préalable à l’application du
principe énoncé au paragraphe 9 de la recommandation selon lequel
la coexistence de congrégations religieuses est un signe de pluralisme
et de l’existence d’un environnement propice au développement de
la démocratie et des droits de l'homme.
5. Le Comité des Ministres a adressé en la matière un certain
nombre de recommandations aux Etats membres, dont la Recommandation
CM/Rec(2008)12 sur la dimension des religions et des convictions
non religieuses dans l’éducation interculturelle, ainsi que, sur
un plan plus général, les Recommandations CM/Rec(2010)7 sur la Charte
du Conseil de l’Europe sur l’éducation à la citoyenneté démocratique
et l’éducation aux droits de l’homme, CM/Rec(2011)4 relative à l’éducation
à l’interdépendance et la solidarité mondiales et CM/Rec(2011)6
relative au dialogue interculturel et à l’image de l’autre dans
l’enseignement de l’histoire. Dans sa Résolution CM/Res(2008)23
sur la politique de jeunesse du Conseil de l’Europe, le Comité des
Ministres s’est engagé à soutenir les initiatives des jeunes et
de leurs organisations dans la prévention et la gestion des conflits,
ainsi que dans la réconciliation après les conflits, au moyen du
dialogue interculturel, y compris dans sa dimension religieuse.
Il encourage vivement les Etats membres à suivre les principes mis
en avant par ces instruments, qui contribueront à favoriser le dialogue,
la connaissance et la compréhension entre les différentes cultures
et les religions et à soutenir les efforts des institutions religieuses
au Moyen-Orient visant à promouvoir le dialogue.
6. Le Comité des Ministres souhaite également souligner la pertinence
des Rencontres annuelles du Conseil de l’Europe sur la dimension
religieuse du dialogue interculturel, dont l’objectif est de promouvoir
et de renforcer les valeurs qui sont le fondement du Conseil de
l’Europe afin de favoriser le respect et la connaissance réciproques
ainsi que la tolérance et la compréhension mutuelle dans la société,
et d’associer – dans le cadre d’un dialogue ouvert et transparent
– des représentants de religions traditionnellement présentes en
Europe et les autres acteurs de la société civile dans la poursuite
de cet objectif.
7. Il souhaite également porter à l’attention de l’Assemblée
les travaux menés par le Comité directeur de l’enseignement supérieur
et de la recherche (CDESR) dans le cadre d’un projet destiné à promouvoir
le dialogue interculturel dans l’enseignement supérieur, reconnaissant
le rôle fondamental des universités en tant que plate-formes de
mobilité des étudiants, d’une part, et soulignant leur responsabilité
s’agissant de développer les compétences interculturelles, dont
la tolérance et le respect des diverses cultures et croyances religieuses,
d’autre part.
8. Sur le plan de l’analyse de l’évolution des développements
culturels et religieux évoquée au paragraphe 11 de la recommandation,
l’attention de l’Assemblée est également attirée sur le rapport
du Groupe d’éminentes personnalités « Vivre ensemble – Conjuguer
diversité et liberté dans l’Europe du 21e siècle » qui a été présenté
à la 121e Session du Comité des Ministres à Istanbul. Ce rapport
suggère certains axes de travail pour le Conseil de l’Europe, dont
le Comité des Ministres étudie la faisabilité.
9. Toutefois, s’agissant de la recommandation de mettre en place
une « capacité permanente » telle qu’évoquée par l’Assemblée au
paragraphe 11.1, le Comité des Ministres considère que le Conseil
de l’Europe dispose du cadre juridique et des instances nécessaires
pour suivre dans les Etats membres les questions relevées par l’Assemblée.
Par conséquent, il n’envisage pas la mise en place d’une nouvelle
structure spécifique. Il souligne en particulier les travaux de
la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI)
qui, dans ses rapports pays par pays, a systématiquement réagi aux
phénomènes de discrimination et d’intolérance dont sont victimes
les communautés religieuses quelles qu’elles soient et adressé des recommandations
précises aux gouvernements concernés.
10. Le Comité des Ministres assure l’Assemblée que la promotion
du droit à la liberté de pensée, de conviction et de religion, restera
en bonne place à son ordre du jour, en tant que principe fondamental
du Conseil de l’Europe. Il en va de la paix et de la stabilité durables
en Europe et au-delà. Il salue par conséquent le soutien de l’Assemblée
dans ce domaine.