La protection des enfants et des jeunes contre l’obésité et le diabète de type 2
- Auteur(s) :
- Assemblée parlementaire
- Origine
- Discussion par l’Assemblée
le 13 avril 2011 (15e séance) (voir Doc. 12559, rapport de la commission
des questions sociales, de la santé et de la famille, rapporteur:
M. Hancock). Texte adopté par l’Assemblée le 13 avril 2011 (15e
séance). Voir également la Recommandation
1966 (2011).
- Thesaurus
1. L’Assemblée parlementaire souligne
l’importance fondamentale de protéger la santé et le bien-être des enfants
et des jeunes, et déplore la récente augmentation, en Europe et
ailleurs, de l’obésité et du diabète de type 2 chez ces derniers.
L’obésité et le diabète de type 2, troubles du métabolisme acquis,
sont des maladies pouvant être évitées qui raccourcissent la durée
de vie et qui peuvent conduire à d’autres pathologies (y compris
les maladies cardio-vasculaires et le cancer); elles affectent de
manière négative la qualité de vie des malades et constituent une
charge considérable pour les systèmes de santé. L’Assemblée estime
donc que les Etats membres doivent réagir de manière urgente à cette
crise de santé publique.
2. L’Assemblée accueille donc favorablement la Stratégie mondiale
pour l’alimentation, l’exercice physique et la santé de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) comme cadre de référence pour les initiatives
des Etats membres visant à limiter les facteurs de risque et à promouvoir
des modes de vie et un environnement sains. Elle invite les Etats
membres à mettre en œuvre la Charte européenne sur la lutte contre
l’obésité, adoptée à la Conférence ministérielle européenne de l’OMS
sur la lutte contre l’obésité, qui s’est tenue à Istanbul (Turquie)
du 15 au 17 novembre 2006.
3. L’Assemblée invite les Etats membres à envisager la prévention
de l’obésité du point de vue du droit des enfants et des jeunes
à la santé et à un environnement sain, dans le cadre de la Convention
des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, qui appelle les
Etats parties à reconnaître le droit de l’enfant de jouir du meilleur état
de santé possible et de bénéficier de services médicaux et de rééducation
(article 24).
4. L’Assemblée invite les Etats membres à prendre d’urgence des
mesures pour protéger les enfants et les jeunes de l’apparition
et des conséquences de l’obésité et du diabète de type 2, et en
particulier des mesures visant à promouvoir des habitudes alimentaires,
un style de vie et un environnement sains. Les mesures préconisées
devront tenir dûment compte du principe du respect de l’intérêt
supérieur de l’enfant.
5. Afin de favoriser des habitudes alimentaires saines, l’Assemblée
recommande aux Etats membres:
5.1 de
prendre des mesures pour améliorer l’alimentation, dès le plus jeune
âge, grâce:
5.1.1 à la promotion de l’allaitement de la
naissance à l’âge de six mois, dans le respect du choix des mères;
5.1.2 à une transformation alimentaire plus saine et à l’élimination
des acides gras trans synthétiques, des agents conservateurs et
des autres produits chimiques contenus dans les produits alimentaires;
5.1.3 à l’amélioration des repas à l’école et à une minimisation
de la consommation d’aliments et de boissons malsains;
5.2 de garantir l’accès à des aliments plus sains et leur
disponibilité, notamment des fruits et légumes, pour les enfants
et les jeunes, en rendant abordables, dans la mesure du possible,
des choix alimentaires plus sains;
5.3 de réglementer le marketing alimentaire (notamment l’étiquetage
alimentaire, les informations nutritionnelles et la publicité) afin
de réduire sa pression sur les enfants et les jeunes, et de limiter
la publicité, notamment à la télévision, à l’intention des enfants
pour des produits alimentaires ou des aliments très caloriques et
peu nutritifs ou ceux à forte teneur en sucre, sel ou graisse;
5.4 d’informer les enfants et les jeunes, ainsi que leurs
parents et tuteurs, des avantages d’habitudes alimentaires saines
ainsi que des dangers et des conséquences à long terme d’une consommation d’aliments
prêts à manger non équilibrés d’un point de vue nutritionnel et
des risques d’une mauvaise santé due à une obésité induite;
5.5 de revoir leur politique fiscale relative à l’alimentation
et d’envisager d’introduire des taxes sur les produits alimentaires
ayant une teneur élevée en acides gras trans synthétiques, en sel
et en sucre, utilisant les revenus ainsi générés pour abaisser le
coût des aliments sains, en particulier pour les groupes de population
à faibles revenus, ou les investissant dans le système de santé
pour permettre le traitement des personnes souffrant d’obésité et
de diabète de type 2;
5.6 d’inviter, puis d’inciter et peut-être de contraindre
les industriels et les distributeurs de l’agroalimentaire à revoir
tant la composition de certains de leurs produits (normes de qualité
et de santé) que leurs actions d’incitation et de promotion de la
consommation de produits jugés peu ou pas sains.
6. Dans le but de promouvoir des modes de vie sains, l’Assemblée
recommande aux Etats membres de prendre des mesures pour améliorer
le bien-être des enfants et des jeunes dans tous les domaines de
leur vie, en abordant les questions de santé publique de manière
holistique. Ce faisant, les Etats membres sont invités:
6.1 à sensibiliser les enfants et
les jeunes à leurs besoins de développement, leur permettant de considérer
les aliments comme des éléments nutritifs et non pas comme des substituts
pour satisfaire d’autres besoins ou pallier des désagréments; les
éduquer sur la manière et les moyens de gérer le stress et les émotions
négatives, comme la tristesse et la colère, qui sont connues pour
déclencher une consommation excessive de nourriture;
6.2 à promouvoir un style de vie plus actif, en éduquant les
enfants et les jeunes en conséquence;
6.3 à donner aux enfants et aux jeunes la possibilité de s’accomplir
individuellement à la fois dans le cadre d’un environnement éducatif
traditionnel et dans leur vie sociale, développant ainsi leur propre autonomie
ainsi qu’un sentiment de valorisation personnelle;
6.4 à soutenir les écoles dans leurs efforts pour encourager
des habitudes alimentaires saines et l’exercice physique, et à veiller
à ce que les écoles soient correctement financées afin de pouvoir
mener à bien cette tâche; à veiller à la plus large diffusion possible
et à la mise en œuvre de la Résolution ResAP(2005)3 du Comité des
Ministres sur une alimentation saine à l’école, en accordant une
attention particulière à la qualité des repas scolaires, tout en
rendant ces repas plus sains et abordables pour tous les enfants
et les jeunes;
6.5 à mettre en œuvre la Recommandation Rec(2003)6 du Comité
des Ministres pour améliorer l’accès à l’éducation physique et au
sport des enfants et des jeunes dans tous les pays européens, entre autres
en améliorant l’accès aux installations sportives pour les enfants
et les jeunes (en particulier dans les quartiers socialement défavorisés)
et en menant des campagnes pour promouvoir un mode de vie plus actif;
6.6 à garantir la participation pleine et entière des enfants
et des jeunes à la société, notamment de ceux qui souffrent d’obésité/de
surpoids et de diabète de type 2, et à lutter fermement contre les mesures
discriminatoires touchant les personnes souffrant d’obésité.
7. Afin de promouvoir un environnement sain, l’Assemblée recommande
aux Etats membres:
7.1 de développer
des politiques et initiatives spécifiques en vue de soutenir un
environnement naturel et bâti favorable à la santé;
7.2 de prendre des mesures spécifiques pour améliorer la mobilité
urbaine, par exemple en encourageant le vélo et la marche à pied
grâce à l’amélioration de l’urbanisme et des politiques de transports.
Une action en faveur de l’aménagement des temps de travail devrait
être aussi de nature à permettre aux parents de pouvoir mieux profiter
de leurs déplacements, de leurs pauses et des moments de repos pour
se détendre et s’investir dans des activités avec leurs enfants
en toute sécurité et confort.
8. L’Assemblée invite les Etats membres à proposer un traitement
approprié de l’obésité et du diabète de type 2 chez les enfants
et les jeunes, et à s’assurer que les personnes présentant un risque
d’obésité et/ou de complications diverses liées à cette pathologie
ont un réel accès à des conseils médicaux et à des soins et traitements
adaptés. Les Etats membres devraient améliorer en particulier l’intervention
et la gestion précoces de l’obésité et du diabète de type 2 chez
les enfants et les jeunes.
9. L’Assemblée recommande de prendre des mesures urgentes afin
de renforcer la capacité des Etats membres à entreprendre des recherches
et à trouver des solutions à ces problèmes, notamment en améliorant sensiblement
la collecte et l’analyse de données (par exemple concernant les
enfants atteints du diabète de type 2). L’Assemblée appelle également
les organisations internationales spécialisées à fournir un soutien adéquat
aux initiatives de recherche visant à inverser le développement
des épidémies d’obésité et de diabète de type 2 chez les enfants
et les jeunes.
10. L’Assemblée estime que la participation des enfants et des
jeunes à la conception des programmes de santé publique à leur intention
est une condition importante de la réussite de leur mise en œuvre
et recommande donc de veiller à ce qu’ils y participent pleinement
dans tous les Etats membres du Conseil de l’Europe.