Le fonctionnement des institutions démocratiques en Bosnie-Herzégovine
Réponse à Recommandation
| Doc. 13449
| 24 mars 2014
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- Adoptée
à la 1194e réunion des Délégués des Ministres (12 mars 2014). 2014 - Deuxième partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 2025
(2013)
1. Tout comme l'Assemblée parlementaire,
le Comité des Ministres accorde une attention particulière au bon
fonctionnement des institutions démocratiques en Bosnie-Herzégovine.
A cet égard, il rappelle sa propre procédure de suivi des obligations
et engagements contractés par la Bosnie-Herzégovine lors de son
adhésion au Conseil de l'Europe.
2. Lors de l’adoption de sa décision faisant suite au 17e rapport
de suivi du respect des obligations et engagements de la Bosnie-Herzégovine,
le 13 mars 2013, le Comité des Ministres s’est félicité du respect
de tous les engagements pris en matière de conventions qui figurent
dans l’Avis n° 234 (2002) de l’Assemblée parlementaire relatif à
la demande d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine au Conseil de l’Europe,
de l’élection du juge au titre de la Bosnie-Herzégovine à la Cour
européenne des droits de l'homme, de l’adoption des lois sur les
aides d’Etat et sur le recensement, de l’avancement, en dépit de
certaines difficultés, de la mise en œuvre de la Stratégie de réforme
du système judiciaire et de la Stratégie nationale sur les crimes
de guerre, ainsi que de l'administration du processus électoral
par les acteurs nationaux.
3. Dans le même temps, le Comité des Ministres partage les préoccupations
exprimées dans la recommandation de l’Assemblée parlementaire, en
particulier celles soulignées au paragraphe 22. Dans sa décision
susmentionnée concernant la Bosnie-Herzégovine, le Comité a exhorté
les autorités à renforcer l'efficacité des institutions à tous les
niveaux (Etat, entités, collectivités locales), à venir à bout,
en priorité, de toutes les questions de ségrégation ethnique non
encore résolues dans les établissements scolaires, ainsi qu’à poursuivre
et renforcer les mesures, notamment législatives, visant à combattre
les discriminations. Le Comité des Ministres a également appelé
instamment les autorités de Bosnie-Herzégovine à mettre pleinement
en œuvre la Stratégie actuelle de réforme judiciaire et à assurer
le suivi de l’initiative visant à l’adoption d’une nouvelle stratégie
couvrant la période après 2014, à mettre pleinement en œuvre la
Stratégie nationale sur les crimes de guerre et à continuer d'apporter
un soutien au processus destiné à permettre aux réfugiés et aux personnes
déplacées de jouir effectivement du droit au retour. Enfin, le Comité
des Ministres a demandé également aux autorités du pays d’impliquer
tous les acteurs pertinents dans les débats concernant la réforme de
la législation et des procédures en matière électorale, d’achever
la réforme de l’audiovisuel public et d’assurer des ressources humaines
et financières adéquates pour le fonctionnement des institutions indépendantes
qui occupent une place essentielle. La mise en œuvre de ces recommandations
sera suivie de près par le Comité des Ministres.
4. En outre, le Comité des Ministres a suivi avec une attention
particulière les événements en Bosnie‑Herzégovine à la suite des
manifestations, parfois accompagnées de violences, qui ont commencé début
février, en lien avec la situation économique, sociale et politique
que connaît actuellement le pays.
5. Le Comité des Ministres aimerait informer l’Assemblée parlementaire
que la préparation d’un Plan d’action complet en matière de coopération
avec les autorités de Bosnie-Herzégovine est en cours.
6. S’agissant de la recommandation spécifique adressée au Comité
des Ministres par l’Assemblée parlementaire « d'inviter instamment
les autorités et les responsables politiques de Bosnie-Herzégovine
à amender sans délai la Constitution et la législation électorale,
conformément à l'arrêt Sejdic et Finci », le Comité des Ministres
rappelle que, dans la décision susmentionnée sur le respect par
la Bosnie-Herzégovine de ses engagements et obligations, il a exhorté
les autorités à exécuter dûment l’arrêt Sejdic et Finci rendu par la
Grande chambre de la Cour européenne des droits de l'homme le 22
décembre 2009, et en conséquence, à modifier sans plus attendre
la Constitution et la législation électorale afin de les rendre
conformes à la Convention européenne des droits de l'homme.
7. Le Comité des Ministres, en tant qu'autorité de contrôle de
l’exécution de l’arrêt, reste sérieusement préoccupé par le fait
qu’aucune solution qui satisferait à l’arrêt de la Cour n’ait encore
été trouvée dans cette affaire. Il a, à maintes reprises, exhorté
les autorités et les dirigeants politiques du pays à trouver un
consensus sur la question, soulignant que le temps pressait et que
tout manquement quant à l’exécution de l’arrêt équivaudrait à une
violation manifeste des obligations en vertu de l’article 46, paragraphe
1, de la Convention. Plus récemment, lors de sa 1186e réunion du
5 décembre 2013, le Comité des Ministres a adopté une troisième
résolution intérimaire. Dans cette résolution intérimaire, le Comité
tout en « notant que les dirigeants politiques de Bosnie-Herzégovine
déploient actuellement des efforts intenses pour négocier rapidement
un consensus sur le contenu des amendements constitutionnels et
législatifs visant à éliminer toute discrimination fondée sur l’origine
ethnique dans le cadre des élections à la Présidence et à la Chambre
des Peuples de Bosnie-Herzégovine », en a appelé fermement « à
toutes les autorités et dirigeants politiques de Bosnie-Herzégovine
afin qu’ils veillent à ce que le cadre législatif et constitutionnel
soit mis immédiatement en conformité avec les exigences de la Convention,
de manière à ce que les élections d’octobre 2014 n’entraînent aucune
discrimination à l’égard de citoyens n’ayant déclaré aucune appartenance
à l’un des « peuples constituants » ».
8. Concernant le recensement mentionné au paragraphe 17 de la
recommandation, le Comité des Ministres rappelle que le Conseil
de l'Europe participe au suivi international du recensement de la
population qui a eu lieu du 1er au 15 octobre 2013, avec l’Office
statistique de l'Union européenne (Eurostat), la Division de statistique
des Nations Unies (DSNU) et la Commission économique pour l'Europe
des Nations Unies (CEE-ONU). Le Comité des Ministres attend avec
intérêt que toute l’opération de recensement soit mise en œuvre
sans heurt et conformément aux normes internationales, y compris,
en particulier, le traitement des données etla
publication des résultats finaux qui sont importants pour le pays.
9. Le Comité des Ministres tient à assurer l’Assemblée parlementaire
qu’il continue à encourager les dirigeants de Bosnie-Herzégovine
à résoudre ce problème sans tarder. Le Comité continuera à suivre
cette question de près.