La situation en Libye: perspectives et rôle du Conseil de l'Europe
Réponse à Recommandation
| Doc. 14615
| 14 septembre 2018
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- Adoptée lors de la 1323e réunion
des Délégués des Ministres (12 septembre 2018). 2018 - Quatrième partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 2127
(2018)
1. Le Comité des Ministres est profondément
préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Libye
et par les nombreuses violations des droits de l’homme qui y sont
commises depuis les événements de 2011. Les premières victimes de
l’état de déliquescence dans lequel se trouve le pays sont les libyens
eux-mêmes ainsi que les autres personnes qui s’y trouvent, notamment
les migrants et les réfugiés qui font l’objet de mauvais traitements
profondément préoccupants. La situation en Libye a également eu
pour conséquence une augmentation significative des menaces transfrontalières,
telles que le terrorisme ou la traite des êtres humains, qui affectent
aussi les pays européens.
2. Tout comme l’Assemblée parlementaire, le Comité des Ministres
estime que la création de structures étatiques unifiées en Libye
constitue une priorité et que le Conseil de l’Europe, en coordination
avec les Nations Unies, le Gouvernement d'union nationale reconnu
internationalement, et les autres acteurs, peut contribuer aux efforts
des autorités libyennes pour relever les nombreux défis auxquels
elles sont confrontées en vue de mettre en place des institutions
stables et démocratiques, condition nécessaire au respect des droits de
l’homme et de l’État de droit. Toute initiative de ce type devrait
être menée en coordination avec le processus politique facilité
par l’ONU et en complément de celui-ci.
3. Dans ce contexte, il rappelle que lors de sa 121e Session
ministérielle, le Comité des Ministres a soutenu la proposition
du Secrétaire Général d'ouverture de la coopération vers les pays
d'Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d'Asie Centrale en vue de
créer un espace juridique commun qui repose sur les valeurs et les instruments
du Conseil de l’Europe. La politique du Conseil de l’Europe à l'égard
des régions voisines vise à faciliter la transition politique démocratique
et à promouvoir la bonne gouvernance dans les pays bénéficiaires, ainsi
qu’à renforcer et élargir l’action régionale du Conseil de l'Europe
dans la lutte contre des menaces transfrontalières et mondiales.
4. Lorsque les pays couverts par la politique de voisinage expriment
clairement leur intérêt et que des ressources extrabudgétaires sont
disponibles, le Conseil de l’Europe peut mettre à leur disposition
son expertise avérée dans les domaines des droits de l’homme, de
l’État de droit et de la démocratie. Deux formes de coopération
institutionnalisées existent actuellement: d’une part, les priorités
de coopération de voisinage qui prévoient des activités de coopération
prioritaires dans des domaines spécifiques
Note;
d’autre part, des partenariats de voisinage qui associent un dialogue
politique renforcé et des activités de coopération avec des partenaires
plus proches
Note.
5. Par ailleurs, des activités de coopération ad hoc ciblées et limitées et/ou
des activités régionales avec d’autres pays des régions couvertes
par la politique peuvent également être menées. Il en est ainsi
notamment en ce qui concerne la Libye. Dans ce contexte, la Commission
de Venise, en coordination étroite avec l’Union européenne, contribue
activement aux travaux menés sous l’égide de la Mission d’appui
des Nations Unies en Libye portant sur les projets de lois sur le
référendum constitutionnel et les élections à venir.
6. Les nouvelles demandes de coopération que les autorités libyennes
souhaiteraient adresser au Conseil de l’Europe, en particulier dans
le contexte du référendum, des élections et de leur couverture médiatique
en conformité avec les normes européennes, seront considérées avec
toute l’attention requise, sous réserve de financement disponible.
7. Une assistance éventuelle pour la fixation de critères pour
le contrôle du respect des droits de l’homme des migrants en Libye
et dans les eaux territoriales libyennes, fondés sur les conventions
pertinentes et, notamment, sur la Convention européenne des droits
de l’homme (STE n° 5) et sa jurisprudence, pourrait également être
envisagée en coopération avec d’autres partenaires concernés. Sur
ce point, le Comité des Ministres rappelle cependant que de tels
critères existent déjà. Le Conseil de l’Europe, à travers ses différents mécanismes
de suivi, les utilise avec efficacité à l’égard de ses États membres
et de tous les pays qui ont adhéré à ses conventions spécifiques.