B Exposé des motifs,
par Baroness Doreen Massey, rapporteure
1 Introduction
«Pour la première fois,
des acteurs du monde entier se rassemblent pour façonner la santé
et le bien-être de la génération la plus large de 10 à 24 ans de
l’histoire de l’humanité. La mobilité de la population, les communications
globales, le développement économique et la durabilité des écosystèmes définissent
l’évolution future de cette génération et, en conséquence, de l’humanité.
Parallèlement, nous sommes arrivés à une meilleure compréhension
de la phase critique de la vie qu’est l’adolescence et qui est essentielle
en vue de réaliser le potentiel humain.»
Commission The Lancet sur la
santé et le bien-être des adolescentsNote
1. Les adolescents peuvent représenter
un défi. Ils sont parfois diabolisés et leur «problèmes» peuvent faire
l’objet d’un suivi médical. Mais les adolescents peuvent également
être enthousiastes, pleins d’énergie et passionnés par les questions
qui les concernent, comme l’éducation et la santé, ou par les grands
enjeux pour l’avenir du monde comme la pauvreté, le changement climatique
et les migrations. Les adolescents sont généralement en bonne santé
mais ceux qui présentent des problèmes sont en nombre suffisant
pour justifier qu’on leur consacre davantage de recherches et d’interventions.
L’adolescence est une période à laquelle des changements positifs
peuvent être introduits et des difficultés résolues. Il nous faut
mieux tenir compte des possibilités qu’elle offre en termes de développement
du potentiel de chacun, au profit de la société tout entière.
2. Le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies note que
l’exercice du droit à la santé dépend de la réalisation de nombreux
autres droits tels ceux liés aux déterminants sociaux, autrement
dit aux circonstances dans lesquelles les individus naissent et
vivent
Note. L’Organisation mondiale de la santé (OMS)
a déjà établi en 1993 un rapport sur la santé des adolescents
Note et
continue de publier des déclarations et des orientations sur cette
question. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) a publié
un projet de «priorités de la jeunesse» à des fins de consultation.
Celui-ci appelle à répondre aux Objectifs de développement durable (ODD)
en mobilisant les responsables gouvernementaux, le secteur privé,
la société civile et les mouvements de jeunesse pour apporter des
changements dans la protection des adolescents et les autonomiser
par l’éducation, la santé et la formation
Note.
3. Le présent rapport revient sur un certain nombre de considérations
générales provenant de la Commission The Lancet
Note et d’organisations
internationales. Il pose cinq grands principes: 1) l’adolescence
est une période essentielle de la vie qui mérite attention et investissement;
2) les jeunes devraient participer à l’élaboration des stratégies
qui touchent à leur santé; 3) il devrait y avoir une coordination
globale entre l’action sociale et les autres services; 4) les inégalités
étant fortement préjudiciables à la santé, il convient de s’y attaquer
pour améliorer la situation; 5) les stratégies internationales doivent
être mises en œuvre au niveau national, régional et local et leur
succès et échecs doivent être évalués. Ces principes seront développés
dans les parties relatives à la santé mentale, à la santé sexuelle
et à l’obésité. Le présent rapport entend présenter une vue d’ensemble
des facteurs qui influent sur la santé des adolescents et des actions
qui peuvent être menées pour améliorer leurs vies, avec leur contribution.
Il s’appuie sur des travaux de recherche et sur l’expérience de
jeunes, de chercheurs et de praticiens pour tirer des conclusions
sur la manière dont les nations européennes pourraient élaborer
et mettre en œuvre des stratégies de santé bénéfiques à tous les adolescents,
quel que soit le milieu dont ils sont issus. Une visite d’étude
en Suède a fourni des exemples de défis et de bonnes pratiques (pour
plus d’informations, voir document
AS/Soc/Inf
(2019) 01 sur le site internet de la commission des questions
sociales, de la santé et du développement durable).
2 L’adolescence est une période essentielle
de la vie qui mérite attention et investissement
2.1 Définir
l’adolescence
4. Le présent rapport adopte la
définition de l’adolescence donnée par l’OMS, c’est-à-dire la période
qui se situe entre 10 et 19 ans. Le terme «jeunes» désigne les individus
âgés de 10 à 24 ans, tandis que l’enfance est la période allant
de la naissance à 18 ans.
5. L’adolescence est une période tout à fait particulière de
la vie car c’est une phase de changements biologiques, d’expériences
sociales et de construction de l’identité. En particulier, les effets
des changements hormonaux et la place grandissante que prennent
les relations et la sexualité peuvent compliquer la vie des adolescents.
À cela s’ajoutent le monde numérique et les médias sociaux qui peuvent
être source d’apprentissage et d’interaction mais posent également
un risque potentiel d’exploitation, notamment sexuelle, des jeunes.
Facebook et Google ont été exhortés à assumer une plus grande part
de responsabilité dans les pressions qu’ils font peser sur les jeunes.
2.2 L’approche
fondée sur le parcours de vie
6. L’offre de services de santé
aux adolescents ne doit pas uniquement se focaliser sur certains
aspects de la santé comme le tabagisme, l’usage de drogues, le régime
alimentaire, la santé mentale et la santé sexuelle à un âge donné.
Les jeunes enfants deviennent des adolescents qui, à leur tour,
deviennent adultes et vieillissent. L’évolution des besoins de santé
nécessite une approche fondée sur les parcours de vie, dans laquelle
des interventions sont mises en place ou renforcées tout au long
de la vie. Cette approche commence par promouvoir un début de vie
en bonne santé et répond aux besoins des individus, avec leur participation,
à toutes les étapes de la vie. Elle s’attaque aux causes des problèmes
de santé et encourage un investissement en temps utile permettant
d’obtenir un bon rapport coût-efficacité. L’éducation à la sexualité
et aux relations, par exemple, est assurée par différents intervenants,
avant le début de la vie sexuelle. Dans les écoles, un programme
en «spirale» peut être élaboré, qui introduit des concepts comme
l’amitié puis les reprend à mesure que l’enfant grandit. Des discussions
sur la contraception, les infections sexuellement transmissibles et
les relations sexuelles peuvent être engagées à un stade ultérieur.
7. Des études menées récemment montrent que l’influence du développement
cérébral, dans le cadre des changements physiques et hormonaux et
des influences sociales et environnementales, contribue grandement à
l’état de santé des adolescents. La fondation Welcome a mis en place
un vaste programme de recherche sur le cerveau des adolescents intitulé
«Neuroscience et Éducation»
Note. En 2017, le Bureau de la recherche
de l’UNICEF (Innocenti) a publié une série d’articles sous le titre:
«Adolescent Brain Development: a Second Window of Opportunity.»
Les thèmes suivants y sont abordés: le cerveau en développement
dans ses contextes culturels; la pauvreté et le cerveau adolescent;
aider les jeunes à développer leur résistance; la médiation en pleine
conscience et son impact; les dangers et la promesse des technologies
pour le cerveau adolescent
Note.
2.3 Caractéristiques
de la santé des adolescents
8. D’après les Perspectives démographiques
mondiales des Nations Unies – révision 2015, les adolescents représentent
14 % de la population dans les pays européens
Note. Le
nombre d’adolescents a augmenté du fait des actions de prévention
et des interventions axées sur les problèmes de santé de l’enfant comme
la malnutrition, la mortalité infantile et les maladies infectieuses.
Bien que ces problèmes existent encore dans certains pays, d’autres
sujets suscitent aujourd’hui des préoccupations croissantes, tels
que la santé mentale, la santé sexuelle et l’obésité.
9. Les adolescents ne sont pas un groupe homogène et la notion
de santé ne peut être dissociée du contexte dans lequel elle s’insère.
Des déterminants sociaux influent sur la santé et l’état de bien-être
de l’individu (voir diagramme 1 ci-dessous). Les inégalités en matière
de santé existent encore et ont de profondes répercussions sur les
chances d’épanouissement des adolescents. L’OMS considère que les différences
selon le sexe et le statut socioéconomique ont une importance primordiale
sur la santé et le bien-être des jeunes
Note.
Certains jeunes sont exposés à des risques plus grands pour leur
santé; il s’agit notamment des jeunes qui vivent dans le dénuement,
des jeunes handicapés, des jeunes issus de minorités ethniques et des
jeunes lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes (LGBTI),
ainsi que des jeunes suivis par la justice des mineurs. Les jeunes
qui vivent dans des zones de conflit armé peuvent être victimes
d’exploitation et de traumatismes
Note. L’instabilité
due aux déplacements et migrations, l’éducation déficiente, la maltraitance et
le manque de soutien ont des conséquences négatives graves et doivent
être traités en priorité
Note.
Diagramme 1: Influences sur la
santé des adolescentsNote

Environnement – Régime alimentaire
– Drogues/alcool – Hérédité – Parents/famille – Éducation – Capacités/handicap
– Résilience – Services – Médias (publicité, médias sociaux, presse)
– Attitudes au sein de la société – État d’esprit – Amis – Sexualité
– Genre – Préjugés et réprobation sociale – Condition sociale (par
ex. pauvreté) – Sport – Communauté/lieu de vie
10. L’accent mis sur l’éducation,
notamment des filles, améliore les perspectives, développe les potentialités et
incite à faire preuve d’ambition. Des lois protègent les jeunes,
comme celles contre le mariage forcé et les mutilations génitales
féminines, bien qu’elles ne soient pas toujours respectées. D’autres
lois peuvent restreindre leurs droits; les droits sexuels, par exemple,
restent limités dans certains pays et privent les adolescents de
l’éducation et des services essentiels à leur bien-être. Bien que
la plupart des pays aient ratifié la Convention des Nations Unies
relative aux droits de l’enfant, les pratiques culturelles et les
lois en vigueur au niveau national peuvent donner lieu à des violations
des droits des jeunes.
2.4 Services
de santé pour les adolescents
11. C’est en donnant la parole
aux jeunes que l’on mesure combien il est important pour eux de
disposer de services facilement accessibles et spécialement conçus
pour eux. «Le plus important pour moi serait de faire en sorte que
les services de santé soient plus adaptés aux jeunes car il est
essentiel que les soins de santé soient rendus accessibles à ce
public» explique, par exemple, une jeune femme de 20 ans. Un autre
jeune ajoute: «Bien souvent, aucune aide n’est disponible avant
que le problème soit devenu totalement ingérable»
Note. De nombreux
adolescents n’obtiennent pas l’aide qu’ils souhaitent au moment
où ils le souhaitent. La situation se complique du fait que les
adolescents se situent entre l’enfance et l’âge adulte. Ils sont
trop souvent orientés vers des services conçus pour les adultes
et gérés par des professionnels qui n’ont pas été formés spécifiquement
pour répondre aux besoins d’un groupe d’âge plus jeune. Il est urgent d’améliorer
le niveau de formation du personnel et d’assurer une coordination
entre les différents services compétents. Comme l’a dit un jeune
d’un groupe de défense d’intérêts: «Les jeunes ne veulent pas être orientés
vers un service différent pour chaque problème qu’ils rencontrent.
Ils veulent que quelqu’un puisse les aider à en traiter plusieurs
à la fois, en reconnaissant qu’ils sont souvent liés
Note.»
12. L’éducation à la santé revêt également une grande importance,
surtout lorsqu’elle est associée à d’autres services. Il existe
en Europe quelques «écoles promotrices de santé» (
Health Promoting Schools)
Note et
«écoles respectueuses des droits» (
Rights
Respecting Schools)Note.
Dans ces établissements, les jeunes apprennent à connaître leurs
droits et les options qui s’offrent à eux en matière de santé. Ils
peuvent également être mis en contact avec des services professionnels
en dehors de l’école. Cela dit, l’éducation à la santé est rarement
obligatoire dans le programme scolaire. Lorsqu’elle existe, elle
est souvent entièrement axée sur la biologie et se présente sous
la forme de cours ponctuels. Certaines écoles ont des programmes
qui, en plus de donner des informations aux élèves, les encouragent
à réfléchir à leurs comportements et à leurs valeurs et développent
leurs compétences en matière de prise de décisions. Cela dit, le
nombre d’infirmières et de conseillers scolaires est souvent insuffisant
pour traiter les problèmes de santé des jeunes
Note. En Angleterre, après
plusieurs années de lobbying d’hommes et des femmes politiques,
de professionnels, de parents, de jeunes et d’organisations non
gouvernementales (ONG) auprès du gouvernement, l’éducation personnelle, sociale
et à la santé a été rendue obligatoire et inclut des aspects plus
généraux tels que les relations et l’interaction avec les facteurs
environnementaux
Note. Les établissements
d’enseignement supérieur ont besoin d’un soutien accru pour mettre
en place des systèmes de soins de santé et d’accompagnement émotionnel
et spirituel.
2.5 Pourquoi
investir dans la santé des adolescents?
13. La Commission The Lancet de
2016 considère que la santé des adolescents a été largement négligée jusqu’ici
Note. Un
rapport de 2014 de l’OMS sur la santé des adolescents affirme que
l’adolescence est un stade essentiel du développement humain qui
mérite une attention particulière
Note. Un rapport de 2018 de la Banque mondiale
estime que plus de 90 % des publications de recherche se focalisent
sur les enfants de moins de cinq ans
Note. S’il est indéniable que les premières
années de la vie humaine sont primordiales, les adolescents ont
autant besoin d’attention et de services accessibles
Note que les enfants. La focalisation
exclusive sur les moins de cinq ans peut conduire à une insuffisance
de données, d’études, de financements, de politiques et d’actions
dirigées vers les adolescents au niveau national. L’accent mis sur
les premières années a incontestablement contribué à la réalisation
des Objectifs du millénaire pour le développement mais la croissance
et les changements qui ont lieu juste avant l’âge adulte sont tout
aussi importants du fait de leur complexité et de leur sensibilité
aux interventions.
14. L’adolescence est une période dynamique de développement et
de transition vers l’âge adulte qui peut être source de satisfaction,
de contributions et de réalisations, mais aussi d’expériences négatives
et de difficultés.
Note L’UNICEF
insiste sur la nécessité d’investir dans l’adolescence, non seulement
parce qu’un tel investissement est «justifié par principe» mais
aussi parce qu’il préserve l’investissement initial dans la santé et
concourt à un stade précoce à la réalisation d’objectifs sociétaux
comme l’équité, la réduction de la pauvreté et l’éradication de
la discrimination
Note. L’investissement
dans la santé aide également à doter les adolescents des outils
et aptitudes nécessaires pour faire face aux difficultés présentes
et à venir
Note.
Selon la Commission The Lancet, investir dans le bien-être des adolescents
apporte un triple bénéfice: pour aujourd’hui, pour leur future vie
adulte et pour la génération d’enfants suivante. S’attaquer aux
problèmes de santé évitables et traitables des adolescents apportera
des avantages considérables sur le plan social et économique. Cet aspect
est essentiel pour combattre les problèmes de santé dans tous les
pays à l’horizon 2030.
Note Voir l’annexe pour
plus d’informations.
3 Santé
mentale
15. Les travaux de recherche montrent
que les problèmes de santé mentale commencent pour la plupart avant
l’âge de 25 ans et qu’ils s’observent le plus fréquemment entre
11 et 18 ans
Note.
Les troubles mentaux peuvent avoir des répercussions sur l’état
de santé général. La dépression, par exemple, peut entraîner une suralimentation
et une inactivité physique, aux effets néfastes. Tous les problèmes
ne persistent pas toujours à l’âge adulte, surtout si les épisodes
sont brefs et si les interventions appropriées sont mises en œuvre
à l’échelle de la communauté, avec l’intégration de services dans
les secteurs de la santé, de l’éducation et des affaires sociales
Note. Les dépenses de santé publique sont
relativement rentables par rapport aux dépenses en soins de santé.
Public Health England a estimé que le rendement médian des investissements
était de 14.3 pour 1.1.
16. L’OMS définit la santé mentale comme «un état de bien-être
qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux
difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de
manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution
à la communauté»
Note.
Les problèmes de santé mentale sont plus ou moins courants, ils
peuvent être aigus ou chroniques et de gravité variable. Ils ne
se manifestent pas de la même manière à tous les âges; chez l’enfant,
par exemple, ils peuvent se présenter sous la forme de troubles comportementaux
Note.
3.1 Facteurs
influant sur la santé mentale
17. Le diagramme 1 ci-dessus reconnaît
que les déterminants de la santé de l’adolescent peuvent avoir leur origine
dans l’enfance et persister à l’âge adulte (parcours de vie). Les
déterminants de la santé mentale peuvent inclure l’absentéisme scolaire
et le manque d’éducation, les expériences des premières années de vie,
les premiers contacts avec le système judiciaire, le placement en
famille d’accueil, les violences domestiques, les actes de suicide
dans la famille ou le cercle d’amis et les préjugés (notamment ceux
fondés sur la race, la religion ou l’orientation sexuelle). Les
élèves et étudiants disent également souffrir de stress et de dépression
en raison des évaluations et examens. Les médias ont, quant à eux,
une influence qui peut être positive (par exemple, dans la promotion
de l’accès aux services et conseils) mais aussi négative, avec des phénomènes
comme le cyberharcèlement ou la sollicitation à des fins sexuelles
(«grooming»). Ils véhiculent également des images violentes et pornographiques.
Au Royaume-Uni, sur 1 000 jeunes âgés de 11 à 25 ans, 47 % avaient
déjà été victimes de harcèlement
Note.
18. Au Royaume-Uni, plus d’un tiers des jeunes de 15 ans sont
des «utilisateurs extrêmes d’Internet», ce qui signifie qu’ils passent
plus de six heures par jour sur internet le week-end; 94 % d’entre
eux vont sur internet avant et après l’école
Note. Cette année, l’OMS a ajouté le «trouble
du jeu vidéo» dans sa classification internationale des maladies
Note. Passer trop de temps en ligne peut
être facteur d’isolement social. Cela peut également provoquer un
déficit de sommeil ou des troubles du sommeil à l’origine de problèmes
de concentration, de comportement et d’image de soi. Trente-huit
pour cent des jeunes disent que les médias sociaux influent négativement
sur leur perception d’eux-mêmes et 48% des filles affirment que
les médias sociaux ont un impact négatif sur leur estime d’elles-mêmes
Note.
3.2 Traiter
les problèmes liés à la santé mentale
19. En 2017, un séminaire du Conseil
de l’Europe et du Parlement britannique a réuni des jeunes, des parlementaires,
des ONG, des universitaires, des juristes et des policiers autour
de la question des liens entre santé mentale et justice. Ils ont
notamment fait les recommandations suivantes: sensibiliser davantage
le public; combattre les préjugés par des campagnes d’information;
allouer davantage de fonds pour l’aide professionnelle et non-professionnelle
aux jeunes; améliorer les possibilités de consultation d’infirmières
et de psychologues scolaires; mettre en place des services interdisciplinaires;
former les enseignants pour qu’ils sachent reconnaître les signes
de tension psychologique et faire en sorte que les jeunes soient
écoutés et que leurs préoccupations soient prises en compte, notamment
lors de l’élaboration des lois et des politiques. Au niveau du Conseil
de l’Europe, le Comité pour la prévention de la torture et des peines
ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) devrait être encouragé
à s’intéresser de près aux centres de santé mentale pour enfants.
Le nombre de jeunes connaissant des problèmes de santé mentale et
qui sont confrontés à la justice, l’effet du système de justice
sur la santé et le nombre disproportionné de jeunes noirs dans le
système de justice figuraient également parmi les sujets de préoccupation.
Des exemples positifs ont été cités, parmi lesquels l’Autriche (niveau
de formation élevé du personnel judiciaire), la France (système
des tribunaux de la famille reposant sur une coopération entre de
nombreux intervenants), l’Islande (modèle de la maison des enfants,
interlocuteur unique pour l’aide aux enfants) et les pays nordiques
(recours croissant aux techniques d’entretien adaptées aux enfants,
avec notamment liaisons vidéo et déclarations écrites). Un jeune
participant a affirmé: «Leur expérience fait des jeunes des experts
et leurs récits devraient être entendus
Note.» Les participants
à un autre séminaire destiné aux jeunes, tenu récemment à Londres,
ont souligné qu’il faudrait que la justice des mineurs soit axée
sur la réadaptation plutôt que sur la répression, en prêtant une
attention particulière au bien-être mental
Note.
Le réseau interdisciplinaire espagnol pour la promotion de la santé
mentale et du bien-être émotionnel chez les jeunes (PROEM) donne
des arguments détaillés en faveur de la priorisation de la santé
mentale et d’interventions efficaces
Note.
20. Au Royaume-Uni, le nombre d’enfants orientés vers un traitement
en santé mentale par leur établissement scolaire a augmenté de plus
d’un tiers au cours de ces trois dernières années
Note. Cela dit, les services
de santé mentale pour les jeunes et les adolescents sont obligés
de refuser 23 % des enfants et des adolescents. Les signes d’une
hausse des problèmes de santé mentale, quelquefois qualifiée de
«crise», ont conduit à l’adoption d’un certain nombre d’initiatives.
Il existe une stratégie nationale intitulée «Pas de santé sans santé
mentale»
Note.
Un livre vert (à caractère consultatif) sur le thème «Transformer
la santé mentale des enfants et des jeunes» a été publié en 2017
Note.
Le gouvernement a engagé 1,4 milliards de livres supplémentaires
pour transformer les services de santé mentale destinés aux jeunes
et aux enfants. Voir l’annexe pour plus d’informations sur le rapport
coût-efficacité.
4 Santé
sexuelle
21. Encourager les adolescents
à avoir des relations respectueuses et satisfaisantes et à se protéger
non seulement des grossesses non-désirées, mais également des infections
sexuellement transmissibles, nécessite d’associer informations et
conseils précis, services accueillants et bienveillants, et de veiller
à ce que les jeunes participent à la définition de leurs besoins
et donnent leur avis sur ce qui leur semble le plus utile.
22. Selon la définition donnée par l’OMS en 2018, «[l]a santé
sexuelle est un état de bien-être physique, mental et social dans
le domaine de la sexualité. Elle requiert une approche positive
et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi
que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources
de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination
ou violence»
Note. Les termes «sexualité» et «éducation
à la sexualité» sont adoptés dans le présent rapport plutôt que
«sexe» et «éducation sexuelle» qui ont des connotations biologiques
et sont vus par certains comme impliquant le fait d’avoir des relations
sexuelles. Cette perception est souvent jugée problématique par
les éducateurs qui travaillent avec les jeunes.
4.1 Données
sur l’activité sexuelle des adolescents
23. Bien que les chiffres soient
incertains, en raison d’un manque d’informations précises et de
déclarations incorrectes de la part des adolescents, il existe des
données plutôt complètes sur l’activité sexuelle des adolescents
en Europe. Il y a par exemple quatre naissances pour 1 000 de mères
âgées entre 15 et 19 ans aux Pays-Bas, 14 au Royaume-Uni, 38 en
Géorgie et 37 en Albanie. Les infections sexuellement transmissibles
sont en hausse parmi les adolescents dans les pays européens et
c’est dans ce groupe d’âge que l’augmentation est la plus forte.
L’usage du préservatif est plus fréquent que le recours à la pilule,
mais les adolescents qui n’en utilisent pas s’exposent à un risque
d’IST dont les taux sont en augmentation, le plus grand nombre d’infections
s’observant chez les adolescents des familles à revenu faible et
moyen
Note. Bien
que des avancées aient été enregistrées globalement dans la prévention
des nouvelles infections à VIH, les progrès sont lents. Au niveau
mondial, le VIH/Sida étaient la neuvième cause principale de décès
chez les jeunes de 10 à 19 ans en 2015
Note.
Selon les données 2011-2016 disponibles pour 37 pays, seuls 36 %
des jeunes hommes et 30 % des jeunes femmes âgés de 15 à 24 ans
avaient une bonne connaissance des moyens de prévention contre le
VIH
Note.
Les adolescents européens manquent d’informations précises et des ressources
nécessaires pour négocier une sexualité sans risques. Ils disent
souvent que leur connaissance de la sexualité est «insuffisante»
et vient «trop tard».
4.2 Traiter
les problèmes liés à la santé sexuelle des adolescents
24. Les raisons d’une activité
sexuelle précoce et de l’absence de protection sont diverses: situation
socio-économique, manque d’ouverture de la famille pour discuter
de la sexualité et consommation d’alcool ou d’autres substances
qui ont un impact sur le degré de maîtrise que le sujet croit avoir
de la situation
Note. Il est évident que l’amélioration
des connaissances et des pratiques peut changer les habitudes sexuelles.
Dans le cadre de la stratégie du Royaume-Uni contre les grossesses
précoces, les collectivités, les jeunes, les établissements scolaires
et les services compétents conjuguent leurs efforts pour réduire
les taux élevés de grossesses chez les adolescentes
Note. Entre 1992 et 2014, les taux de
conception ont baissé de 51 % et leur diminution a été considérable
dans les zones géographiques où ils étaient élevés
Note.
25. Les jeunes devraient avoir droit à des conseils au début de
leur vie sexuelle et reproductive. Cela dit, les parents peuvent
être réticents à parler de sexualité, les adolescents ne souhaitent
pas forcément évoquer ces questions avec leurs parents et les informations
qui proviennent de leurs amis ou des médias peuvent être trompeuses.
C’est pourquoi les services spécialisés de santé ou d’éducation
jouent un rôle important en matière d’information et de conseil.
26. Une déclaration de consensus de Public Health England est
favorable à une approche positive tout au long de la vie, privilégiant
les choix et la maîtrise plutôt que l’absence de maladie ou d’issue
défavorable; des services qui tiennent compte des besoins de la
population et de ses différentes caractéristiques; un cadre éthique
universellement accepté qui prend en considération la réprobation
sociale et le sentiment de honte auxquels on peut être confronté
à tous les stades de la vie, tant au niveau institutionnel qu’individuel,
ainsi que des campagnes qui renversent les stéréotypes et brisent
les tabous.
27. Les jeunes indiquent clairement que les services qu’ils considèrent
comme étant les plus utiles ont pour caractéristiques l’absence
de jugement, la confidentialité, la gratuité et le personnel sympathique
et compétent. Un exemple de tel service est celui des Brook Advisory
Centres for young people (centres Brook d’assistance aux jeunes)
créés il y a plus de 50 ans par la pionnière Helen Brook et implantés
dans neuf régions du Royaume-Uni dans une grande controverse. Ces
centres proposent aujourd’hui des services complets en matière de
santé sexuelle pour les jeunes jusqu’à 24 ans.
4.3 Éducation
complète à la sexualité
28. Le concept d’éducation complète
à la sexualité repose sur une vision de la santé des adolescents
axée sur le parcours de vie. Elle préconise des programmes structurés
qui commencent par de simples informations et discussions sur des
thèmes comme l’amitié et les parties du corps, avant d’aborder progressivement
des aspects plus complexes des relations et du comportement sexuel
à partir de l’entrée dans l’adolescence et au-delà.
29. Une vue d’ensemble de l’éducation à la sexualité dans les
25 pays de la région européenne de l’OMS a conclu que des progrès
remarquables avaient été faits depuis l’an 2000 pour développer
l’éducation à la sexualité
Note.
D’autres chiffres vont également dans ce sens, mais la qualité et
l’exhaustivité ne sont peut-être pas présentes dans toute la région.
Beaucoup de prestataires de services et d’éducateurs se battent
pour instaurer ne serait-ce qu’un droit minimum des jeunes à recevoir
des informations.
30. L’UNESCO propose le cadre suivant: l’éducation complète à
la sexualité devrait couvrir toutes les questions qui se posent
(même si elles sont délicates dans certains contextes sociaux et
culturels); elle devrait reposer sur une approche axée sur les droits
humains y compris l’égalité de genre et encourager les jeunes à prendre
conscience de leurs propres droits, à respecter ceux d’autrui et
à défendre les personnes dont les droits sont bafoués. Elle peut
viser le bien-être général des jeunes tout en ayant un impact sur
la prévention du VIH, des IST, des grossesses non-désirées et des
violences sexuelles. Elle doit donner aux apprenants des occasions
de cultiver des valeurs et attitudes positives à l’égard de la sexualité
et des relations et d’acquérir des compétences de vie qui leur permettront
de faire des choix sains.
Note L’éducation complète à la sexualité peut
être intégrée à l’éducation à la santé qui ne se limite pas au programme
scolaire proprement dit, mais englobe également le système de valeurs
de l’école et ses politiques, les contacts avec les parents et la
société ainsi que les relations avec des associations de jeunes.
Voir l’annexe pour plus d’informations sur le rapport coût-efficacité.
5 Obésité
31. L’obésité est un phénomène
relativement récent chez les enfants et les adolescents, mais le
problème est global et se développe à une vitesse inquiétante. Elle
est considérée comme l’un des plus grands enjeux de santé publique
du XXIe siècle
Note et touche de plus en
plus les pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier en
milieu urbain.
32. L’indice de masse corporelle (IMC) est obtenu en divisant
le poids d’une personne en kilogrammes par sa taille en mètres au
carré. Il y a obésité lorsque l’IMC est supérieur ou égal à 30.
Le surpoids correspond à un IMC compris entre 25 et 29,9
Note. L’IMC n’est pas mesuré de la même
manière chez les adultes et les enfants et il est évalué au moyen
de courbes spécifiques qui tiennent compte des différences de croissance
liées à l’âge et au sexe. Le poids et l’indice de masse grasse ne
sont pas les mêmes chez les garçons et les filles et ils changent
à mesure que les enfants grandissent. Ils sont exprimés en percentiles.
Les niveaux d’IMC chez les enfants et les adolescents sont exprimés
par rapport aux autres enfants de même âge et de même sexe. À l’adolescence,
on parle d’obésité lorsque le résultat est supérieur au 95e percentile
et de surpoids lorsqu’il est compris entre le 85e et
le 95e percentile
Note.
5.1 Données
sur l’obésité
33. En 2016, il y avait selon les
estimations plus de 41 millions d’enfants de moins de cinq ans en
surpoids dans le monde. Dans la région européenne de l’OMS, en 2008,
un enfant de 11 ans sur trois était en surpoids, tout comme plus
de 50 % des hommes et femmes; 23 % des femmes et 20 % des hommes
étaient obèses. Aujourd’hui, entre 30 % et 70 % des hommes et femmes
sont en surpoids et 10 % à 30 % d’entre eux sont obèses
Note.
Si la région européenne a obtenu d’excellents résultats dans l’amélioration
de la santé des adolescents ces dernières années, l’obésité continue
d’augmenter dans tous les pays ou presque, avec des disparités marquées.
Des inégalités sociales ont été observées dans 10 des 16 pays et
régions. Cela dit, aucun n’affichait une prévalence significativement
supérieure de l’obésité chez les adolescents les plus aisés
Note.
5.2 Facteurs
de l’obésité
34. Les facteurs génétiques, un
manque d’activité physique et de mauvaises habitudes alimentaires,
ou une combinaison de ces facteurs, sont les causes les plus fréquentes
de surpoids ou d’obésité chez les adolescents. Dans de rares cas,
l’obésité est due à une pathologie, par exemple, un problème hormonal.
En Europe, on regarde moins la télévision, mais l’usage de l’ordinateur
a beaucoup augmenté entre 2002 et 2014. Cette hausse est plus évidente
chez les filles. La majorité des adolescents européens ne respectent
pas les recommandations actuelles qui préconisent de ne pas passer
plus de deux heures par jour devant l’ordinateur ou la télévision
Note.
L’alimentation déséquilibrée – et en particulier la consommation
de sodas, de jus à base de concentrés, de boissons lactées, de boissons
énergétiques et d’eaux aromatisées – est le premier facteur contribuant
à une mauvaise santé. La publicité pour ces produits cible souvent
les enfants et les adolescents. L’obésité est plus fréquente dans
les groupes socio-économiques les plus défavorisés. Depuis 2012,
ces inégalités sont restées inchangées ou ont augmenté. Selon les
estimations, 27 % des cas d’obésité en Europe en 2014 étaient attribués
à des différences socio-économiques.
5.3 Conséquences
de l’obésité
35. La plupart des problèmes de
santé liés à l’obésité n’apparaissent qu’à l’âge adulte. L’obésité
durant l’enfance est fortement associée à des facteurs de risque
de maladie cardiovasculaire, de diabète type 2 et de problèmes orthopédiques
et musculo-squelettiques comme l’ostéoporose
Note. Si cette tendance se poursuit, il y aura
88 millions de diabétiques en 2045 contre 58 millions aujourd’hui
et le coût total des soins de santé liés au diabète s’élèvera à
175 milliards d’euros, sans compter les autres coûts indirects
Note.
L’obésité pourrait être liée à 12 types de cancers; d’ici quelques
décennies, elle dépassera le tabagisme comme une des principales causes
de décès dans des pays comme le Royaume-Uni
Note. Les enfants
obèses présentent plus de risques d’absentéisme scolaire, de problèmes
psychologiques et d’isolement social, dus en partie à une mauvaise estime
de soi
Note.
5.4 Traiter
l’obésité à l’adolescence
36. Des efforts ciblés sont nécessaires
pour rompre le cycle de l’obésité. Les services devraient être conçus spécialement
pour les adolescents, afin de les aider à apporter des changements
positifs à leur comportement en matière de santé. Les politiques
devraient sensibiliser à l’importance de régimes alimentaires sains
ainsi qu’à l’activité physique et promouvoir leur accessibilité
Note, par le biais d’une action
coordonnée des ministères compétents, des collectivités, des médias
et du secteur privé
Note.
L’influence parentale est importante et doit être soutenue. L’existence
d’un mode de vie globalement sain chez la mère a une incidence sur
le risque d’obésité chez l’enfant
Note.
37. Des initiatives comme l’instauration d’une taxe sur les sodas,
la mise en place de politiques alimentaires dans les établissements
scolaires, les restrictions de commercialisation, l’étiquetage des
produits alimentaires et la fixation d’objectifs pour l’industrie
agroalimentaire sont nécessaires pour réduire le taux d’obésité.
Des taxes sur le sucre, le tabac et l’alcool ont été proposées comme
moyen d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD),
ainsi que dans le cadre d’une approche globale de santé publique
visant les déterminants commerciaux de la santé
Note.
Au Royaume-Uni, une réglementation a été introduite en avril 2018: les
sociétés qui produisent des sodas avec sucres ajoutés ont l’obligation
de payer une taxe dont le taux est majoré pour les boissons les
plus sucrées. Cette taxe semble avoir un effet positif car les sociétés
réduisent sensiblement les taux de sucre dans les boissons. La politique
de réduction volontaire des taux de sucre dans les aliments a été
décevante, la baisse n’ayant été que de 2 % la première année. Il
apparaît que les sociétés ont tendance à occulter les enjeux de
santé publique pour préserver leurs marges commerciales. Les autres domaines
dans lesquels la législation pourrait avoir un effet positif sont
la politique agricole, la mise sur le marché et la fixation des
prix des produits alimentaires, la publicité autre que radiodiffusée
et le sponsoring.
38. La Commission de la santé du Parlement britannique a recommandé
de restreindre la publicité et la promotion des produits alimentaires
et de donner aux autorités locales un plus grand pouvoir de contrôle
des établissements de restauration rapide et de l’affichage publicitaire
Note. Le Royaume-Uni a élaboré
un plan de lutte contre l’obésité de l’enfant en 2016, qu’il a poursuivi
en 2018. Parmi les actions prévues figurent une réduction de l’apport
en sucres, une réduction de l’apport calorique et une concertation
sur la publicité fixant à 21 h l’heure de début des publicités télévisées
pour les aliments à haute teneur en graisses et en sucres d’ici fin 2018.
Des programmes locaux innovants seront mis en place avec des partenaires
locaux pour montrer ce qui fonctionne dans différentes localités.
Voir l’annexe pour plus d’informations sur le rapport coût-efficacité.
6 Conclusions
39. Les problèmes de santé mentale
chez les adolescents sont un sujet de préoccupation croissante dans toute
l’Europe. Les difficultés qu’éprouvent les adolescents en ce qui
concerne leur bien-être en relation avec la sexualité sont nombreuses
et les taux d’obésité augmentent à un rythme inquiétant. Parallèlement,
c’est à l’adolescence qu’il est possible de changer les comportements
et de jeter les bases de vies saines et épanouies. Il est impératif
de répondre aux besoins de santé des adolescents, non seulement
pour l’actuelle génération, mais également pour le bien-être futur
des populations.
40. La lutte contre les problèmes de santé des adolescents offre
des avantages économiques significatifs à leurs sociétés, notamment
un impact économique non négligeable sur le système de santé et
sur le reste de l’économie, ce qui a des conséquences sur la stratégie
de croissance 2020 de l’Europe.
41. Bien que les travaux de recherche sur les conséquences des
comportements et attitudes des adolescents se multiplient, ils restent
moins nombreux que ceux qui se consacrent à d’autres groupes d’âge. Des
mesures doivent être prises au niveau national et international
pour remédier à cette situation. On ne connaît pas précisément le
nombre de pays européens ayant mis en place une politique nationale
centrée sur les besoins et le potentiel des adolescents et les bénéfices,
sur le plan économique et social, d’une orientation de l’attention
sur cette population.
42. Comme pour d’autres interventions de santé, il est difficile
de distinguer l’incidence d’une action donnée sur un problème de
santé de celle des déterminants de la santé. Cela dit, il est évident
qu’il faudra prendre en compte ces déterminants pour venir à bout
du problème de la mauvaise santé. La situation socio-économique, par
exemple, et notamment la pauvreté, les inégalités et les carences,
jouent ici un rôle prépondérant. Les économies, fondées sur le profit
et peu incitées à prêter attention aux problèmes de santé publique,
ont un impact majeur. Les médias qui font la promotion de la perfection
physique à tout prix peuvent avoir une influence considérable. Par
conséquent, il ne suffit pas de s’attacher exclusivement à la responsabilité individuelle;
il convient de développer des approches systémiques. Les stratégies
des États en matière de santé des adolescents doivent reposer sur
les droits humains, être non paternalistes, inclusives et collaboratives
et lutter contre les préjugés et la discrimination.
43. Les déclarations des organisations internationales peuvent
être un soutien utile. En améliorant la santé des adolescents, les
États membres du Conseil de l’Europe contribuent de manière importante
à la réalisation des Objectifs de développement durable des Nations
Unies.
44. À l’échelon national, les initiatives locales impliquant les
collectivités et reposant sur l’évaluation des besoins sont essentielles
pour mettre en œuvre des initiatives et évaluer leur impact ainsi
que pour partager les bonnes pratiques. Les interventions de santé
s’avèrent plus performantes et efficaces lorsqu’elles répondent
aux besoins des adolescents. Ce sont eux qui connaissent le mieux
leurs préoccupations et leurs problèmes en matière de santé, c’est
pourquoi leurs avis doivent être pris en considération dans le cadre
de l’élaboration de politiques et pratiques pertinentes.