Lessiveuses: faire face aux nouveaux défis de la lutte internationale contre la criminalité organisée, la corruption et le blanchiment de capitaux
Réponse à Recommandation
| Doc. 15017
| 18 décembre 2019
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- Adoptée lors de la
1363e réunion des Délégués des Ministres
(11 décembre 2019). 2020 - Première partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 2154
(2019)
1. Le Comité des Ministres
a examiné avec attention la
Recommandation
2154 (2019) de l’Assemblée parlementaire intitulée «Lessiveuses:
faire face aux nouveaux défis de la lutte internationale contre
la criminalité organisée, la corruption et le blanchiment de capitaux».
Il l’a communiquée au Comité directeur pour les problèmes criminels
(CDPC), au Groupe d’États contre la corruption (GRECO) et au Comité
d’experts sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment
de capitaux et le financement du terrorisme (MONEYVAL), pour information
et commentaires éventuels.
2. Le Comité des Ministres partage pleinement les préoccupations
de l’Assemblée parlementaire concernant les menaces que font peser
sur les démocraties les phénomènes du crime organisé, de la corruption
et du blanchiment de capitaux et réitère que la corruption fait
peser une grave menace sur les valeurs fondamentales du Conseil
de l’Europe. La lutte contre ces phénomènes est une condition préalable essentielle
pour le développement d’une société ouverte et démocratique, et
constitue l’une des priorités du Conseil de l’Europe et des présidences
successives du Comité des Ministres. Sous la Présidence croate,
une conférence de haut-niveau a été organisée à Šibenik en octobre
2018, qui a abouti à la création d’un réseau d’autorités nationales
de lutte contre la corruption. Sous la Présidence française, une
conférence de haut-niveau a été organisée à Strasbourg en juin 2019
pour marquer le 20e anniversaire du GRECO
et a été l’occasion d’engager une réflexion sur les moyens d’améliorer
la capacité des États à prévenir et combattre la corruption. Le
Comité se félicite également des efforts continus de l’Assemblée
pour répondre aux cas de corruption et de comportements non éthiques
concernant ses membres, dans la mesure où ils entament non seulement
la confiance, la légitimité et le respect de l’Assemblée elle-même,
mais celles de l’Organisation dans son ensemble, ce que le Comité
avait déjà affirmé dans sa réponse à la
Recommandation 2128 (2018) de l’Assemblée «Suivi du rapport du Groupe d’enquête
indépendant sur les allégations de corruption au sein de l’Assemblée
parlementaire».
3. Le Conseil de l’Europe s’est doté d’instruments juridiques
clés dans ces domaines, tels que la Convention pénale contre la
corruption (STE n°173) et son Protocole additionnel (STE n°191)
et la Convention du Conseil de l’Europe relative au blanchiment,
au dépistage, à la saisie et à la confiscation des produits du crime
et au financement du terrorisme (STCE n°198, ci-après Convention
de Varsovie). Le GRECO, MONEYVAL et la Conférence des Parties de
la Convention de Varsovie assurent le suivi des normes contenues
dans ces traités et dans d’autres instruments internationaux pertinents
et en promeuvent l’application. Ils bénéficient du plein soutien
du Comité des Ministres. Des échanges de vues réguliers sont organisés
entre ces organes et les Délégués des Ministres, ce qui permet de
dialoguer sur les défis et nouvelles tendances identifiés par ces
organes, ainsi que sur les principales difficultés de mise en œuvre
de ces normes au niveau national. Le Comité des Ministres se félicite
également du soutien exprimé par l’Assemblée et se joint à son appel
à l’ensemble des États membres «à mettre rapidement et pleinement
en œuvre toutes les recommandations pertinentes du GAFI, de MONEYVAL
et du Groupe d’États contre la corruption (GRECO) du Conseil de
l’Europe» (§7.9.8 de la
Résolution
2279 (2019) de l’Assemblée). Dans ce contexte, le Comité des Ministres
note que MONEYVAL a été pionnier dans l’évaluation de l’effectivité
réelle des mesures prises par les États, au-delà de la simple conformité
avec les standards internationaux conformément à la méthodologie
du GAFI. Cette approche est régulièrement suivie par le GRECO également. De
plus, tant le GRECO que MONEYVAL tiennent compte, entre autres,
des textes adoptés par l’Assemblée parlementaire lors de leur travail
d’évaluation pays-par-pays.
4. Pour ce qui est du crime organisé, le Plan d’action (2016-2020)
sur le crime organisé transnational, adopté par le Comité des Ministres
en mars 2016, contient plusieurs initiatives visant à améliorer
la coopération internationale dans ce domaine, lesquelles sont actuellement
mises en œuvre. Au nombre de ces initiatives figurent un passage
en revue des déclarations et réserves existantes aux conventions
du Conseil de l’Europe qui sont obsolètes ou pourraient faire obstacle
à une coopération efficace dans la lutte contre le crime organisé transnational,
ainsi qu’une évaluation de la faisabilité et de l’éventuelle valeur
ajoutée d’un nouvel instrument contraignant du Conseil de l’Europe
visant à améliorer la coopération internationale en matière de recouvrement,
de gestion et de partage d’avoirs d’origine criminelle.
5. Enfin, compte tenu de la dimension transnationale des phénomènes
de corruption, de criminalité organisée et de blanchiment d’argent,
les travaux du Conseil de l’Europe dans ce domaine s’inscrivent
dans un contexte international plus large. S’agissant de la recommandation
1.3 de l’Assemblée parlementaire, le Comité des Ministres rappelle
que le niveau de coopération avec les organisations et institutions internationales,
y compris financières, dans ces domaines est déjà très avancé et
continue de se renforcer. Le Comité informe l’Assemblée qu’il a
accordé, le 10 juillet 2019, le statut d’observateur à l’Union européenne auprès
du GRECO. De plus, en mars 2019, il a autorisé le Secrétariat du
Conseil de l’Europe à contribuer à l’évaluation par la Commission
européenne de la mise en œuvre et de l'application effective de
la directive (UE) 2015/849 du Parlement européen et du Conseil du
20 mai 2015 relative à la prévention de l'utilisation du système
financier aux fins du blanchiment de capitaux ou du financement
du terrorisme, notamment par l’élaboration de rapports d’évaluation
fondés sur la méthodologie d’évaluation du Conseil de l’Europe.
Cette activité de coopération permettra de renforcer encore l’interaction
entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne et constitue
une reconnaissance indéniable de l’expertise du Conseil de l’Europe
dans ces domaines.