Obligations internationales relatives au rapatriement des enfants des zones de guerre et de conflits
Réponse à Recommandation
| Doc. 15201
| 16 décembre 2020
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- Adoptée lors de la
1391e réunion des Délégués des Ministres
(8 décembre 2020). 2021 - Première partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 2169
(2020)
1. Le Comité des Ministres
a examiné avec attention la
Recommandation
2169 (2020) de l’Assemblée parlementaire sur les «Obligations internationales
relatives au rapatriement des enfants des zones de guerre et de
conflits», qu’il a transmise au Comité directeur pour les droits
de l’enfant (CDENF) et au Comité de lutte contre le terrorisme (CDCT)
pour information et éventuelles observations.
2. Dans le contexte de l’action du Conseil de l’Europe contre
le terrorisme, le Comité des Ministres partage la grande préoccupation
de l’Assemblée parlementaire à l’égard de la grave situation des
conditions de vie des enfants en Syrie et en Irak dont les parents,
considérés comme liés à l’EI/Daech,
sont ressortissants d’États membres du Conseil de l’Europe. Le Comité
appelle au plein respect des droits fondamentaux de ces enfants, et
notamment à leur protection contre toute forme de violence. Le Comité
est également d’accord que ces enfants devraient prima facie être considérés comme
des victimes.
3. Un certain nombre d’États membres du Conseil de l’Europe ont,
entre autres pour des raisons humanitaires impérieuses, rapatrié
quelques-uns de ces enfants de la région. Comme le fait remarquer l’Assemblée
parlementaire, la situation est complexe et difficile. Cependant,
le Comité des Ministres convient que la lutte contre le terrorisme,
lorsqu’elle touche à des problématiques liés aux enfants, doit avant
tout veiller à l’intérêt supérieur de l’enfant comme considération
primordiale, tout en relevant les limitations que la sphère de la
juridiction nationale, ainsi que les principes et les normes du
droit international, peuvent poser à une action concrète dans la
région par les autorités d’États membres du Conseil de l’Europe.
Les États membres ne sont pas, par exemple, compétents pour séparer
les enfants de leur famille contre la volonté des parents en dehors
de leur propre juridiction. Il conviendrait également de tenir compte
– dans le respect des normes et principes du Conseil de l'Europe
– des éventuelles menaces à la sécurité publique que les adultes/parents accompagnateurs
peuvent représenter. Les enfants doivent être traités dans le respect
de leurs droits et de leur dignité, conformément au droit international
applicable. Cela n'exclut pas l'application éventuelle de mesures
non judiciaires et judiciaires, y compris la responsabilité pénale
le cas échéant, prescrites par la loi et respectant les normes internationales
applicables aux enfants. Le Comité des Ministres convient que toutes les
mesures doivent être prises pour veiller à la réadaptation sociale
effective et à la (ré-)intégration des enfants de retour dans des
États membres du Conseil de l’Europe. Il s’aligne sur le point de
vue exprimé par l’Assemblée parlementaire selon lequel investir
dans ce type de mesures constitue un investissement pour bâtir des
sociétés résilientes.
4. Le Comité des Ministres rappelle qu’il a chargé le CDCT d’organiser
«une conférence internationale en se concentrant sur les questions
et les défis posés par le retour en Europe de femmes et d’enfants
ayant été impliqués dans une organisation terroriste à l’étranger».
À sa dernière réunion plénière (Strasbourg, 19-21 novembre 2019),
le CDCT a exprimé sa préoccupation «[p]our ce qui concerne la question
des personnes de retour dans leur pays, parmi lesquelles des femmes
et des enfants ayant un lien présumé avec Daech, [le Comité a exprimé]
sa préoccupation au sujet de la situation humanitaire que connaissent
les femmes et les enfants dans les camps de détention en Syrie,
tout en étant conscient des risques que constituent les membres fanatisés
de Daech qui utilisent ces camps comme des incubateurs à des fins
de radicalisation conduisant au terrorisme, et donc de la nécessité
pour les États d’atténuer ces risques». Le Comité a donc chargé
le Secrétariat de «poursuivre les travaux préparatoires à la conférence
en mettant l’accent sur la situation des femmes et des enfants ayant
un lien présumé avec Daech». Cette Conférence est maintenant prévue
en 2021. Comme le préconise la recommandation de l’Assemblée, elle
inclura une table ronde parlementaire sur les mesures prises par
des États membres du Conseil de l’Europe concernant le retour en
Europe de femmes et d’enfants qui ont été associés à des organisations
terroristes à l’étranger.
5. Enfin, le Comité des Ministres souligne qu’il est important
d’intégrer une perspective liée aux droits de l’enfant dans les
efforts de lutte contre le terrorisme, notamment en renforçant les
synergies et la complémentarité autant que possible avec la Stratégie
du Conseil de l’Europe pour les droits de l’enfant (2016-2021).
Il estime que cela peut renforcer la sécurité nationale des pays
ainsi que soutenir le développement des enfants concernés.