Disparition d’enfants réfugiés ou migrants en Europe
Réponse à Recommandation
| Doc. 15202
| 16 décembre 2020
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- Adoptée lors de la 1391e réunion
des Délégués des Ministres (8 décembre 2020). 2021 - Première partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 2172
(2020)
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
attention la
Recommandation
2172 (2020) de l’Assemblée parlementaire sur la «Disparition
d’enfants réfugiés ou migrants en Europe». Il l’a transmise au Comité directeur
pour les droits de l’enfant (CDENF), au Comité européen pour les
problèmes criminels (CDPC) et au Groupe d’experts sur la lutte contre
la traite des êtres humains (GRETA), et l’a communiquée pour information au
Représentant spécial de la Secrétaire Générale sur les migrations
et les réfugiés.
2. Le Comité des Ministres se félicite de l’attention permanente
que l’Assemblée porte à la protection des enfants réfugiés ou migrants
en Europe, qui figure au rang des priorités de l’Organisation. Il
souligne la nécessité d’accorder une protection spéciale à ces enfants
du fait de leur situation de vulnérabilité découlant de multiples
motifs, en tant qu’enfants, en tant que personnes fuyant la guerre
ou la violence et du fait que, fréquemment, ils sont non accompagnés
ou séparés de leur famille. La protection spéciale qui doit être accordée
aux enfants est amplement reconnue dans la jurisprudence de la Cour
européenne des droits de l’homme et comprend, entre autres, des
garanties concernant les conditions d’accueil, les alternatives
à la détention pour immigration, le respect de la vie familiale
ainsi que les procédures liées au passage des frontières et au retour
en tenant compte, de façon primordiale, de l'intérêt supérieur de
l'enfant. La jurisprudence est également abondante pour ce qui est
des obligations positives des États membres tenus de prévenir la
mise en danger en général des enfants, voire de prévenir les dangers
que pourraient courir des enfants disparaissant des foyers sociaux
spécialisés ou centres d’accueil.
3. Pour ce qui est du paragraphe 3 de la recommandation de l’Assemblée,
le Comité des Ministres rappelle que la mise en œuvre du Plan d’action
pour la protection des enfants réfugiés ou migrants (2017-2019)
a permis d’obtenir des résultats concrets visant à assurer des mesures
de protection pouvant empêcher des enfants de disparaître. Au titre
de ces mesures, on citera des outils pratiques visant à promouvoir
des approches adaptées aux enfants dans la communication et l’interaction
avec eux tout au long des procédures suivies pour la migration et
l’asile.
4. D’autres activités pertinentes ont également été menées dans
le cadre du Plan d’action, par exemple celles réalisées par le Comité
directeur pour les droits de l’homme (CDDH) en vue de promouvoir
des alternatives à la détention pour cause d’immigration, ainsi
que ses travaux en cours sur les dispositions de prise en charge
familiale pour les enfants réfugiés ou migrants.
5. De plus, sur la base d’informations fournies par les États
parties à la Convention de Lanzarote, le Comité de Lanzarote a adopté
le 6 juin 2019 un rapport d’évaluation sur les mesures prises à
la suite des cinq recommandations «urgentes» de son Rapport spécial
du 3 mars 2017 sur «Protéger les enfants touchés par la crise des
réfugiés contre l’exploitation et les abus sexuels». Le rapport
concluait que 33 États européens ont appliqué l’ensemble des cinq
recommandations «urgentes», ce qui a permis de recenser une sélection
de bonnes pratiques qui peuvent alimenter la suite des échanges
d’information et d’expériences. Le Secrétariat du Comité de Lanzarote
prépare actuellement une «liste de contrôle» pour aider les praticiens
travaillant avec des enfants en déplacements dans les pays d’accueil,
de transit et de destination à savoir ce que la Convention de Lanzarote
demande aux États de faire/de mettre en place pour prévenir la violence
sexuelle à l’encontre des enfants en déplacement; pour identifier
et aider les victimes potentielles de ce type de violence; et pour signaler
les soupçons de violence sexuelle à l’encontre d’enfants en déplacement
et poursuivre les auteurs soupçonnés de tels actes.
6. Une autre contribution pertinente pour la prévention de la
disparition d’enfants réfugiés ou migrants est assurée par les mesures
de soutien décrites dans les Recommandations du Comité des Ministres
CM/Rec(2019)11 sur
un régime de tutelle efficace pour les enfants non accompagnés et
les enfants séparés dans le contexte de la migration et
CM/Rec(2019)4 sur
l’aide aux jeunes réfugiés en transition vers l’âge adulte. La mise
en œuvre effective de ces recommandations au niveau national est
essentielle pour combler les lacunes en matière de protection qui
aboutissent à des disparitions d’enfants migrants ou réfugiés en
Europe. À cet égard, le Comité des Ministres encourage le CDENF
à garder à l’esprit la recommandation de l’Assemblée figurant au
paragraphe 2.4.
7. Le 2 juillet 2020, le Représentant Spécial pour les migrations
et les réfugiés a lancé un manuel «Regroupement familial pour les
enfants réfugiés et migrants – Normes juridiques et pratiques prometteuses». La
promotion de la réunification familiale est vitale pour garantir
le respect des droits de l’enfant et son intérêt supérieur. De plus,
fournir des informations adaptées aux enfants dans le contexte d’une
relation de confiance réduira les risques que l’enfant fugue, disparaisse,
soit porté disparu ou soit victime de réseaux criminels. Le Manuel
pour les praticiens qui explique comment transmettre sous une forme
qui leur soit adaptée des informations aux enfants migrants, préparé
dans le cadre de la Stratégie du Conseil de l’Europe pour les droits de
l’enfant (2016-2021) et du Plan d’action du Conseil de l’Europe
pour protéger les enfants réfugiés ou migrants (2017-2019), est
un élément de plus dans l’arsenal d’outils concrets visant à aider
les praticiens dans les États membres à accompagner un enfant à
chaque étape de son parcours.
8. Le Comité des Ministres a accueilli avec satisfaction le bilan
de ces résultats et d’autres succès à porter au crédit du Plan d’action
à l’occasion de la présentation du rapport final le 26 février 2020.
À la suite de ce bilan, le Comité et la Secrétaire Générale ont
décidé de charger le Représentant Spécial sur les migrations et les
réfugiés d’élaborer un nouveau plan d’action pour refléter les développements
et enseignements tirés jusqu’ici en matière de migration. Ce nouveau
Plan d’action pourrait traiter des vulnérabilités des enfants réfugiés
ou migrants, notamment de ceux qui sont portés disparus, en s’appuyant
sur les résultats du Plan d’action pour la protection des enfants
réfugiés ou migrants (2017-2019).
9. Le 19 juin 2020, le GRETA a publié une Note d’orientation
sur les droits des victimes et victimes potentielles de la traite
à la protection internationale. Cette Note traite aussi de l’accès
à l’asile et plus généralement de la protection des enfants victimes
de la traite, dans le but de rompre les liens avec les trafiquants
et de réduire le risque que des enfants disparaissent.
10. De plus, la Stratégie pour l’égalité de genre (2018-2023)
traite la situation particulièrement vulnérable des jeunes filles
réfugiées, migrantes et demandeuses d’asile, et notamment le risque
qu’elles disparaissent, victimes de trafics et de traite à diverses
fins. À l’automne 2020, la Commission pour l’égalité de genre doit entamer
les travaux de rédaction d’une nouvelle recommandation sur les femmes
réfugiées et migrantes, qui pourra traiter les lacunes existantes
dans la protection des femmes et jeunes filles réfugiées, migrantes
et demandeuses d’asile.
11. Le Comité des Ministres renvoie aussi à sa réponse à la
Recommandation 2141 (2018)
de l’Assemblée parlementaire sur le «Regroupement familial des réfugiés
et des migrants dans les États membres du Conseil de l’Europe» qui
aborde certains éléments de la protection contre la traite.
12. Enfin, à la lumière de ce qui précède, et de la nécessité
de continuer à traiter cette question cruciale de la disparition
d’enfants réfugiés ou migrants en Europe, le Comité des Ministres
invite les États parties à la Convention du Conseil de l’Europe
sur la lutte contre la traite des êtres humains (STCE n° 197), à
la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants
contre l’exploitation et les abus sexuels (STCE n° 201) et à la
Convention européenne sur l’entraide judiciaire en matière pénale
(STE n° 30) à garder à l’esprit les recommandations spécifiques
de l’Assemblée (paragraphes 2.1 et 2.2). Comme pour l’Assemblée,
le Comité souhaite également encourager le Congrès des pouvoirs
locaux et régionaux du Conseil de l’Europe à garder cette question
à l’ordre du jour de leurs activités.