Demande d’adhésion du Kosovo* au Conseil de l’Europe
- Auteur(s) :
- Assemblée parlementaire
- Origine
- Discussion par l’Assemblée le 16
avril 2024 (10e séance) (voir Doc. 15958, Doc. 15957, rapport de la commission des questions politiques et
de la démocratie, rapporteure: Mme Dora Bakoyannis; Doc. 15964, avis de la commission des questions juridiques et des
droits de l'homme, rapporteure: Mme Azadeh Rojhan; et Doc. 15965, avis de la commission sur l'égalité et la non-discrimination,
rapporteure: Mme Béatrice Fresko-Rolfo). Texte
adopté par l’Assemblée le 16 avril 2024 (10e séance).*
Toute référence au Kosovo dans ce texte, que ce soit le territoire,
les institutions ou la population, doit se comprendre en pleine
conformité avec la Résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations
Unies et sans préjuger du statut du Kosovo.
1. Le 12 mai 2022, le Kosovo a déposé
sa demande d’adhésion au Conseil de l’Europe par une lettre signée
par Mme Donika Gërvalla-Schwarz, Vice-Première
ministre et ministre des Affaires étrangères et de la Diaspora.
Le 24 avril 2023, le Comité des Ministres, conformément à la Résolution
statutaire (51) 30 A adoptée le 3 mai 1951, a transmis cette lettre
à l’Assemblée parlementaire pour consultation. La décision relative
à la transmission stipule qu’elle intervient «sans porter préjudice
au futur examen de cette demande d’adhésion au Conseil de l’Europe
par le Comité des Ministres».
2. Ayant pris note du rapport établi par les éminents juristes,
l’Assemblée reconnaît que le cadre juridique du Kosovo est largement
conforme aux normes du Conseil de l’Europe et que sa Constitution
est un instrument très progressiste, qui intègre les principales
dispositions du plan Ahtisaari et prévoit l’applicabilité directe
de la Convention européenne des droits de l’homme (STE no 5)
et de ses protocoles, de la Convention-cadre pour la protection
des minorités nationales (STE no 157),
de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la
lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique
(STCE no 210, «Convention d’Istanbul»),
ainsi que de certains instruments des Nations Unies en matière de
droits humains.
3. L’Assemblée reconnaît les progrès réalisés par le Kosovo dans
les domaines des droits humains, de la démocratie et de l’État de
droit, et salue les avancées faites par le gouvernement actuel,
notamment dans la lutte contre la corruption et dans le partenariat
civil pour les couples de même sexe («code civil»).
4. Le Conseil de l’Europe, en synergie avec la communauté internationale,
a contribué au renforcement des normes au Kosovo par un large éventail
d’activités, comprenant des conseils juridiques, une coopération et
des solutions spécifiques qui ont permis à ses mécanismes de suivi
d’évaluer régulièrement la situation dans des domaines particuliers
de la législation en matière de droits humains. Le Kosovo est devenu
membre de la Banque de développement du Conseil de l’Europe (CEB)
en 2013 et de la Commission européenne pour la démocratie par le
droit (Commission de Venise) l’année suivante. Depuis 2016, une
délégation de l’Assemblée du Kosovo prend part aux travaux de l’Assemblée
parlementaire. L’Association des municipalités du Kosovo participe
aux travaux du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil
de l’Europe.
5. L’Assemblée estime que les aspirations du Kosovo à adhérer
au Conseil de l’Europe devraient recevoir une réponse positive.
L’adhésion conduirait au renforcement des normes en matière de droits
humains en garantissant l’accès à la Cour européenne des droits
de l’homme à toutes les personnes qui relèvent de la juridiction
du Kosovo. Elle permettrait également au Conseil de l’Europe d’assurer
un suivi plus complet de l’évolution des situations nationales et
de déployer tous les instruments dont il dispose pour contribuer
à la consolidation de la démocratie et de l’État de droit. Par ailleurs,
l’adhésion au Conseil de l’Europe représenterait une étape importante
dans le processus d’intégration européenne du Kosovo.
6. L’adhésion du Kosovo au Conseil de l’Europe serait l’aboutissement
d’un dialogue mené pendant deux décennies mais elle ne devrait en
aucun cas être considérée comme la fin d’un processus. Au contraire,
elle devrait donner une nouvelle impulsion qui permettrait au Kosovo
de continuer à progresser dans le renforcement des droits humains,
de la démocratie et de l’État de droit, et de s’attaquer aux défis
et aux sujets de préoccupation en suspens.
7. Ces questions sont notamment l’écart constaté entre le cadre
normatif et sa mise en œuvre effective; la nécessité d’améliorer
la protection des droits des communautés non majoritaires et de
favoriser un climat et un discours public propices à la confiance,
à la réconciliation et à l’inclusion; l’accent mis sur les politiques
en matière de langue, d’éducation et de jeunesse afin de garantir
la cohésion de la société multiethnique du Kosovo plutôt que sa
fragmentation résultant des clivages ethniques ou linguistiques;
la garantie d’un respect total de l’État de droit, indépendamment
des considérations politiques; la promotion du respect interinstitutionnel;
et le renforcement de la qualité et de l’efficacité de l’appareil
judiciaire.
8. Depuis que le Kosovo a posé sa candidature à l’adhésion au
Conseil de l’Europe, la situation en matière de sécurité dans les
municipalités du nord du Kosovo s’est considérablement détériorée,
tandis que le processus de normalisation des relations avec la Serbie
et le dialogue entre Pristina et Belgrade, facilité par le représentant
spécial de l’Union européenne, M. Miroslav Lajčák, sont dans l’impasse.
De nombreux événements ont contribué à une grave escalade des tensions,
notamment: les expropriations foncières; la décision d’imposer l’utilisation
de plaques d’immatriculation kosovares; les manifestations violentes;
la démission massive des Serbes du Kosovo de leurs fonctions dans
la police, la justice et l’administration; les élections locales
qui ont donné des résultats dépourvus de légitimité démocratique;
le recours des autorités kosovares aux forces de police spéciales
pour des tâches de police ordinaires; et l’application de la décision d’introduire
l’euro pour les transactions financières, à l’exclusion des autres
monnaies, qui a par la suite été reportée.
9. Le 24 septembre 2023, un grave incident de sécurité à Banjska
a entraîné la mort d’un policier kosovar et de trois assaillants
serbes. La gravité de cette attaque, ses conséquences et les liens
des agresseurs avec Belgrade ont montré clairement que le risque
de violence ouverte au Kosovo n’est que trop réel et que la sécurité
dépend de la protection des droits de la communauté serbe, de l’apaisement
des tensions et de la normalisation des relations entre le Kosovo
et la Serbie.
10. Dans ce contexte, l’Assemblée se félicite du progrès décisif
que constitue l’application, le 14 mars 2024, de l’arrêt de la Cour
constitutionnelle dans l’affaire du monastère de Visoki Dečani,
qui était en attente d’exécution depuis 2016. La mise en œuvre de
cet arrêt montre concrètement que le gouvernement est prêt à agir
dans le plein respect de l’État de droit, indépendamment de toute
considération politique. L’Assemblée et le Comité des Ministres
devraient continuer à suivre cette affaire afin de veiller à ce
que l’arrêt soit pleinement exécuté.
11. L’Assemblée considère que la fondation de l’Association des
municipalités à majorité serbe est une étape importante et un moyen
de renforcer la participation démocratique et l’autonomisation des
Serbes du Kosovo, et d’assurer la protection de leurs droits. L’Assemblée
estime que l’établissement de l’association devrait figurer dans
l’examen futur par le Comité des Ministres de la demande d’adhésion
du Kosovo au Conseil de l’Europe, en tant qu’engagement postadhésion
du Kosovo.
12. L’Assemblée s’attend également à ce que les expropriations
soient menées dans le plus strict respect de la loi et que toute
législation future dans ce domaine soit pleinement conforme au plan
Ahtisaari, notamment en ce qui concerne la protection des biens
de l’Église orthodoxe serbe. À ce sujet, l’Assemblée recommande que
le projet de loi sur l’expropriation des biens immobiliers qui a
été soumis à l’Assemblée du Kosovo soit modifié en conséquence,
dans les plus brefs délais.
13. Dans ce contexte, l’Assemblée se félicite de l’engagement
pris par M. Albin Kurti, Premier ministre du Kosovo, dans une lettre
en date du 3 mars 2024, de signer et de ratifier une longue liste
de conventions du Conseil de l’Europe, notamment:
13.1 au moment de l’adhésion: la
Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales
(STE no 5);
13.2 dans un délai d’un an à compter de l’adhésion:
- l’Accord général sur les privilèges
et immunités du Conseil de l’Europe (STE no 2)
et ses protocoles nos 1 et 6 (STE nos 10
et 162);
- la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales
(STE no 157);
- la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires
(STE no 148);
- la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention
et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence
domestique (STCE no 210);
- la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre
la traite des êtres humains (STCE no 197);
- la Convention européenne pour la prévention de la torture
et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (STE no 126);
- la Convention européenne pour la répression du terrorisme
(STE no 90);
- la Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention
du terrorisme (STCE no 196);
- le Protocole portant amendement à la Convention européenne
pour la répression du terrorisme (STE no 190);
- la Convention du Conseil de l’Europe relative au blanchiment,
au dépistage, à la saisie et à la confiscation des produits du crime
et au financement du terrorisme (STCE no 198);
- la Charte européenne de l’autonomie locale (STE no 122);
13.3 dans les deux ans à compter de l’adhésion:
- la Convention européenne sur
l’exercice des droits des enfants (STE no 160);
- la Convention européenne sur la nationalité (STE no 166);
- la Charte sociale européenne (révisée) (STE no 163);
- la Convention civile sur la corruption (STE no 174);
- le Protocole additionnel à la Convention pénale sur la
corruption (STE no 191);
- la Convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière
des collectivités ou autorités territoriales (STE no 106)
et ses protocoles;
- la Convention européenne sur la valeur internationale
des jugements répressifs (STE no 70);
- la Convention européenne relative au dédommagement des
victimes d’infractions violentes (STE no 116);
- la Convention européenne sur l’imprescriptibilité des
crimes contre l’humanité et des crimes de guerre (STE no 82);
- le Deuxième Protocole additionnel à la Convention européenne
d’entraide judiciaire en matière pénale (STE no 182);
13.4 ainsi que:
- la Convention
du Conseil de l’Europe sur la prévention des cas d’apatridie en
relation avec la succession d’États (STCE no 200);
- la Convention sur la cybercriminalité (STE no 185)
et son protocole additionnel (STE no 189);
- la Convention européenne relative au statut juridique
du travailleur migrant (STE no 93);
- la Convention culturelle européenne (STE no 18);
- la Convention européenne sur la reconnaissance académique
des qualifications universitaires (STE no 32);
- la Convention sur la reconnaissance des qualifications
relatives à l’enseignement supérieur dans la région européenne (STE
no 165);
- la Convention européenne relative à l’équivalence des
diplômes donnant accès aux établissements universitaires (STE no 15);
- la Convention relative à l’élaboration d’une Pharmacopée
européenne (STE no 50).
14. De plus, l’Assemblée prend note et se félicite des engagements
suivants pris par les autorités du Kosovo:
14.1 en ce qui concerne le fonctionnement des institutions
démocratiques et le respect de l’État de droit:
14.1.1 de
respecter pleinement l’indépendance du pouvoir judiciaire, notamment
en s’abstenant de toute critique injustifiée susceptible de saper
la confiance dans ce pouvoir;
14.1.2 de continuer à améliorer la qualité et l’efficacité du
système judiciaire;
14.1.3 de continuer à lutter contre la corruption et la criminalité
organisée;
14.1.4 de veiller à ce que les expropriations soient menées dans
le respect le plus strict de la loi et que toute législation future
dans ce domaine soit pleinement conforme au plan Ahtisaari, notamment
en ce qui concerne la protection des biens de l’Église orthodoxe
serbe; de modifier en conséquence le projet de loi sur l’expropriation
des biens immobiliers qui a été soumis à l’Assemblée du Kosovo,
dans les plus brefs délais;
14.1.5 de prendre toutes les mesures pour désamorcer les tensions
dans le nord du Kosovo, et de s’abstenir de prendre des décisions
susceptibles de porter atteinte aux droits et aux conditions de
vie de la communauté serbe, et de conduire à une nouvelle détérioration
de la situation en matière de sécurité;
14.1.6 de prendre des mesures urgentes pour promouvoir la réintégration
des Serbes du Kosovo dans les forces de police, le système judiciaire
et le ministère public dans le nord du Kosovo;
14.1.7 de s’abstenir d’utiliser des forces de police spéciales
dans le nord du Kosovo pour des tâches de police ordinaires, de
veiller à ce qu’elles ne soient déployées qu’en cas de nécessité et
de renforcer la coopération avec la Force pour le Kosovo (KFOR)
et la mission «État de droit» de l’Union européenne au Kosovo (EULEX
Kosovo);
14.2 en ce qui concerne les droits humains et la protection
des communautés non majoritaires:
14.2.1 d’assurer la mise
en œuvre effective du cadre juridique pour la protection des minorités nationales;
14.2.2 de prendre des mesures importantes et concrètes afin de
mettre en œuvre tous les articles de l’Accord de Bruxelles et de
l’Accord d’Ohrid, ce qui inclut l’établissement de l’Association
des municipalités à majorité serbe dès que possible;
14.2.3 de remédier d’urgence à l’absence d’une approche globale
et coordonnée des questions et des droits relatifs aux minorités;
cette approche devra être élaborée et mise en œuvre en coopération
avec les personnes concernées et de manière à tenir compte des besoins spécifiques
des différentes communautés;
14.2.4 d’allouer des ressources suffisantes pour mettre efficacement
en œuvre la législation sur l’utilisation des langues et garantir
l’ancrage juridique et l’indépendance du Bureau de la ou du Commissaire
aux langues, et de mettre à sa disposition des ressources appropriées;
14.2.5 de renforcer les mesures de soutien à l’intégration socio-économique
et à la participation politique des personnes appartenant à des
communautés non majoritaires;
14.2.6 de prendre des mesures visibles et significatives visant
à encourager la réconciliation entre les communautés du Kosovo,
notamment dans le discours politique; d’adopter des stratégies concrètes
pour faciliter le dialogue intercommunautaire et créer des espaces
et des activités axés sur la réconciliation, en particulier dans
le domaine de l’éducation, afin d’ouvrir la voie à un développement
sociétal inclusif et d’instaurer un climat de confiance;
14.2.7 de promouvoir l’enseignement des langues non majoritaires
dans les écoles;
14.2.8 d’assurer l’accès effectif à un enseignement primaire
et secondaire de qualité, et à des manuels scolaires pour tous les
enfants, y compris les enfants handicapés, les enfants appartenant
à des communautés non majoritaires et les enfants issus de groupes
défavorisés;
14.3 en ce qui concerne les relations internationales:
14.3.1 de continuer à participer au dialogue facilité par l’Union
européenne et à honorer les engagements et obligations contractés
sous son égide;
14.3.2 de déployer de réels efforts dans le processus de normalisation
des relations avec la Serbie;
14.3.3 de régler les différends internationaux de manière pacifique
et de promouvoir les relations de bon voisinage dans la région.
15. L’Assemblée recommande également au Kosovo de signer et de
ratifier les conventions et accords partiels du Conseil de l’Europe
ci-après:
- les Protocoles nos 1,
4, 7, 12, 13 et 16 à la Convention européenne des droits de l’homme
(STE nos 9, 46, 117, 177 et 187, et STCE no 214);
- la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection
des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels (STCE no 201);
- la Convention pénale sur la corruption (STE no 173);
- l’Accord partiel élargi instituant le Groupe de coopération
internationale du Conseil de l'Europe sur les drogues et les addictions
(Groupe Pompidou);
- l’Accord partiel élargi sur le Registre des dommages causés
par l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.
16. L'Assemblée invite le Kosovo:
16.1 à participer pleinement au Comité d’experts du Conseil
de l'Europe sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment
des capitaux et le financement du terrorisme (MONEYVAL), et à mettre en
œuvre par la suite ses recommandations sans délai;
16.2 à modifier la composition du Conseil des procureurs du
Kosovo conformément aux recommandations formulées par la Commission
de Venise dans son avis CDL-AD(2023)043 adopté les 15 et 16 décembre
2023;
16.3 à saisir la Commission de Venise d’une demande d’avis
concernant le nouveau projet de loi sur l’expropriation;
16.4 à veiller à ce que les responsables politiques fassent
preuve de retenue en s’abstenant de critiquer les décisions du pouvoir
judiciaire;
16.5 à améliorer le respect des procédures administratives,
notamment en ce qui concerne les expropriations et les nominations
de fonctionnaires, ainsi qu’à envisager la mise en place d'une procédure
de réclamation administrative;
16.6 à engager des réformes procédurales pour remédier à la
durée excessive des procédures judiciaires et à envisager de créer
une voie de recours spécifique en cas de procédures excessivement longues;
16.7 à réduire le recours excessif à la détention avant inculpation
et à la détention provisoire pour des périodes excessivement longues
et sans motifs valables;
16.8 à promouvoir l'utilisation de techniques de maintien de
l'ordre de nature à désamorcer les tensions, en particulier par
la police déployée dans le nord du Kosovo;
16.9 à améliorer la formation et l'enseignement linguistiques
afin de satisfaire, dans la pratique effective, aux exigences constitutionnelles
en matière de bilinguisme, en particulier au sein des services de
police et du système judiciaire;
16.10 à sensibiliser les agents de police, les procureurs et
les juges aux crimes de haine et à renforcer leur capacité à traiter
avec tact les personnes qui en sont victimes, et à améliorer la
réponse de ces différents acteurs du système judiciaire au problème
de la violence domestique.
17. L’Assemblée réaffirme l’importance de la protection des droits
humains de toutes et tous, y compris les droits des personnes issues
des communautés non majoritaires, les droits des femmes, les droits
des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes
(LGBTI), et les droits des personnes en situation de handicap. Elle
appelle les autorités kosovares:
17.1 à
assurer la reconnaissance juridique des unions civiles de couples
de personnes de même sexe;
17.2 à intensifier les efforts entrepris pour lutter contre
les discriminations, quel qu’en soit le motif;
17.3 à promouvoir l’égalité des genres;
17.4 à prévenir et à lutter contre les violences fondées sur
le genre, ainsi qu’à poursuivre et à punir les auteurs de ces violences;
17.5 à prévenir et à lutter contre le discours de haine.
18. Compte tenu de ce qui précède, l’Assemblée considère que le
Kosovo a la capacité et la volonté:
18.1 de respecter les dispositions de l’article 3 du Statut
du Conseil de l’Europe (STE no 1, «le
Statut») qui énonce que «[t]out membre du Conseil de l’Europe reconnaît
le principe de la prééminence du droit et le principe en vertu duquel
toute personne placée sous sa juridiction doit jouir des droits
de l’homme et des libertés fondamentales»; et
18.2 de collaborer sincèrement et activement à la réalisation
de l’objectif du Conseil de l’Europe tel qu’il est spécifié au chapitre I
de ce Statut, remplissant ainsi les conditions d’adhésion au Conseil
de l’Europe telles qu’elles sont énoncées à l’article 4 du Statut.
19. L’Assemblée recommande donc au Comité des Ministres:
19.1 d’inviter le Kosovo à devenir
membre du Conseil de l’Europe sous le nom de «Kosovo»;
19.2 d’attribuer au Kosovo trois sièges à l’Assemblée parlementaire.
20. Tout en soutenant l’adhésion du Kosovo au Conseil de l’Europe,
l’Assemblée est consciente des circonstances sans précédent de cette
demande, étant donné qu’un certain nombre d’États membres du Conseil
de l’Europe ne reconnaissent pas le Kosovo en tant qu’État. La diplomatie,
le dialogue et le compromis sont nécessaires pour s’assurer que
la future admission du Kosovo ne crée pas de fracture dans l’unité
des États membres du Conseil de l’Europe, qui saperait l’esprit
du Sommet de Reykjavík. L’Assemblée invite donc le Comité des Ministres
à s’assurer:
20.1 que l’adhésion
du Kosovo au Conseil de l’Europe ne préjuge pas de la position de
chacun des États membres à l’égard du statut d’État du Kosovo;
20.2 que les États membres, quelle que soit la position qu’ils
peuvent exprimer à l’égard de la demande d’adhésion du Kosovo, respectent
la décision prise par le Comité des Ministres et collaborent sincèrement
et effectivement à sa mise en œuvre en veillant au bon fonctionnement
des institutions, organes et mécanismes du Conseil de l’Europe;
20.3 que, lorsque le Kosovo aura été admis comme État membre
aux fins du Statut du Conseil de l’Europe, l’Organisation mettra
fin à sa politique de neutralité à l’égard de son statut.
21. De même, l’Assemblée invite le Comité des Ministres à ne ménager
aucun effort diplomatique et politique pour que l’adhésion du Kosovo
soit non seulement bénéfique au Kosovo et à toute personne qui relève
de sa juridiction, mais aussi un facteur de stabilité, de sécurité
démocratique et de paix dans les Balkans occidentaux et en Europe.
22. En vue d’assurer le respect des engagements et obligations
contractés, et de suivre la mise en œuvre de ses recommandations,
l’Assemblée décide, conformément à sa Résolution 1115 (1997) «Création
d'une commission de l'Assemblée pour le respect des obligations
et engagements des États membres du Conseil de l'Europe (commission
de suivi)», d’ouvrir la procédure de suivi pour le Kosovo à compter
de son adhésion au Conseil de l’Europe.