01/12/2020 Questions sociales, santé et développement durable
Des enfants se sont joints à des experts lors d’une audition parlementaire de l’APCE pour demander aux gouvernements européens de prendre des mesures urgentes sur le changement climatique - et pour faire valoir que l’inaction continue serait une violation de leur droit à un environnement sain.
L’audition conjointe par videoconférence, organisée par la Commission des questions sociales, de la santé et du développement durable de l’APCE dans le cadre des rapports à venir de Jennifer De Temmerman (France, ADLE) et de Simon Moutquin (Belgique, SOC), a également examiné ce que le Conseil de l’Europe pourrait faire de plus pour ancrer le droit à un environnement sain.
Nathan Méténier, membre d’un groupe consultatif de jeunes, créé pour conseiller le Secrétaire général des Nations unies, a déclaré que les jeunes étaient déjà confrontés aux conséquences de l’inaction face à la crise climatique, et a insisté pour que les droits des générations futures soient pris en compte : « Nous avons besoin d’une nouvelle façon de faire de la démocratie, qui inclut le dialogue intergénérationnel. C’est notre avenir, et nous devrions avoir notre mot à dire ». Le mouvement lancé par Greta Thunberg a eu un impact énorme, a-t-il dit, mais les groupes de jeunes qui travaillent à la protection de la planète ont besoin d’un financement plus important, ainsi que d’une plus grande présence dans les organismes internationaux.
Un groupe de jeunes élus « éco-délégués » du Lycée Jeanne d’Arc à Paris a également présenté aux parlementaires les actions qu’ils mènent dans leurs propres écoles, ainsi que leurs craintes pour l’avenir.
« Nous pensons que les choses ne vont pas assez vite dans la lutte contre le changement climatique », a déclaré Nele, 15 ans. « Il y a une indifférence généralisée et malgré les engagements pris lors de la COP-21, les températures continuent d’augmenter. Nous ne voulons plus de décisions qui créent des retards. Il y a une alarme qui se déclenche - et il faut agir maintenant ». Eugénie, une autre « éco-déléguée », a parlé de l’impact des marches pour le climat, tandis qu’une troisième, Aida, a déclaré que leur objectif était de « faire en sorte que tout le monde travaille main dans la main pour lutter contre la crise climatique ».
Najib Benarafa, professeur de sciences au lycée Jeanne d’Arc, a déclaré qu’il n’était pas possible de continuer à reporter des actions concrètes. « Les écoles peuvent être des laboratoires pour la transition verte - les jeunes commencent à construire l’avenir dans leurs écoles, en tant que catalyseurs du changement, mais ils ont besoin de voir des changements concrets à un niveau plus élevé également. » Les enfants recherchent un changement concret : « Il y a un décalage entre le désir de faire quelque chose et le résultat réel ».
Catherine Le Bris, spécialiste en droit international au CNRS, a donné un aperçu des affaires de justice environnementale dans le monde et a souligné que les droits traditionnels protégeaient des individus, plutôt que des groupes collectifs, et étaient généralement limités dans le temps. Elle a appelé à la création d’une nouvelle catégorie de droits, les « droits de l’humanité » - comme le droit à l’air pur - qui serait à la fois global et à long terme, protégeant tous les individus , ainsi que les générations futures.
Le Dr David Boyd, rapporteur spécial des Nations unies sur l’environnement, a déclaré que l’Europe prenait désormais du retard par rapport à d’autres régions pour ce qui est de faire progresser le droit à un environnement sain. L’APCE avait d’abord demandé ce droit il y a 21 ans, mais il avait été rejeté par les ministres. Si la Cour de Strasbourg a fait des interprétations « vertes » des droits existants, celles-ci sont inadéquates aujourd’hui, alors que l’ampleur et la gravité de la crise climatique actuelle ont un impact si important sur les droits de l’homme. Il est temps de changer, a-t-il déclaré, et l’Europe doit être à l’avant-garde des demandes d’air pur, d’eau potable et en quantité suffisante, d’aliments produits de manière durable, d’écosystèmes sains et de biodiversité.