26/04/2021 Observation d'élections
Les élections législatives albanaises ont été caractérisées par une campagne animée et inclusive, grâce à un cadre juridique qui a contribué à garantir le respect des libertés fondamentales. Dans le même temps, les autorités ont tiré parti de leur position et il semblerait que de nombreuses voix aient été achetées, ont indiqué aujourd’hui les observateurs internationaux dans une déclaration.
La mission d’observation conjointe du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’OSCE, de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE (AP OSCE) et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a considéré que malgré certaines ambiguïtés et incohérences, le cadre juridique constituait une base adéquate pour la tenue d’élections démocratiques. Les récentes modifications de ce cadre offrent des garanties supplémentaires et reposent sur un large consensus politique. La nouvelle administration électorale s’est bien acquittée des nouvelles tâches importantes qui lui ont été confiées et a bénéficié de la confiance générale.
« L’accord politique de l’année dernière a été à l’origine d’importantes réformes et permis la mise en place de moyens électroniques, ce qui a permis de renforcer la confiance dans le processus électoral. Cela montre que le compromis et la convergence politiques servent l’intérêt supérieur du peuple albanais », a déclaré Azay Guliyev, coordinateur spécial et chef des observateurs de courte durée de l’OSCE. « J’encourage toutes les forces politiques à conserver le même esprit au lendemain du scrutin et à prendre des mesures supplémentaires pour prévenir toute utilisation abusive de ressources administratives et pression sur les fonctionnaires lors des prochains cycles électoraux. »
Quelque 3,5 millions de personnes étaient inscrites sur les listes électorales sur fond de pandémie mondiale de covid-19. Si les libertés fondamentales ont été respectées, les messages diffusés pendant la campagne électorale ont porté sur les dirigeants des partis plutôt que sur les programmes politiques. Le ton utilisé par certains responsables politiques de premier plan pendant la campagne a été conflictuel et dans le même temps, les médias n’ont pas donné d’informations essentielles pour que les électeurs puissent faire leur choix. La prévalence de l’achat de voix dans tout le pays a aussi été une source de préoccupation.
« Malgré les améliorations générales apportées au cadre global, les allégations de pratiques généralisées d’achat de voix tout au long du processus électoral demeurent un problème grave en Albanie, ce qui a des incidences sur la perception et la confiance du grand public dans le processus électoral. Il en va de même des incitations et des pressions exercées sur les fonctionnaires », a indiqué Aleksander Pociej, chef de la délégation de l’APCE. « L’APCE et la Commission de Venise sont prêtes à poursuivre leur collaboration avec les autorités albanaises pour encore améliorer le cadre électoral légal du pays. »
Le nouveau système d’identification électronique des électeurs a été mis en place dans les bureaux de vote. Il vise à réduire le risque de fraude électorale, bien qu’en raison de sa mise en place précipitée, il n’ait pas été possible de mener un débat public ni un examen indépendant de ce nouveau système. Si le scrutin a d’une manière générale été transparent et sans heurts, les mesures liées à la pandémie ont été mal appliquées et la distanciation physique n’a pas toujours été respectée.
« L’instauration du vote électronique est une amélioration importante et bienvenue pour l’Albanie. J’ai constaté avec satisfaction l’efficacité à grande échelle du système d’identification biométrique qui a été utilisé dans tout le pays. Cette étape importante ne peut que renforcer la confiance dans le processus électoral », a estimé Reinhold Lopatka, chef de la délégation de l’AP de l’OSCE. « Les faits survenus avant le scrutin m’ont inquiété et je tiens à préciser que l’incitation à la violence ne sera pas tolérée. »
Malgré la solidité du cadre juridique en place pour mettre fin à l’utilisation abusive des ressources de l’État, de nombreuses personnalités publiques ont continué à faire campagne alors qu’elles exerçaient des fonctions officielles. Cette situation ainsi que le lancement de plusieurs grands projets publics d’infrastructure à l’approche des élections ont procuré un avantage considérable au parti au pouvoir.
« Après les nombreux conflits politiques qui ont surgi en Albanie ces derniers temps, il est encourageant de voir que la confiance dans le processus électoral se rétablit lentement », a affirmé Urszula Gacek, à la tête de la mission restreinte d’observation électorale du BIDDH. « Tous les partis ont participé et les électeurs se sont davantage déplacés. Il est regrettable que des irrégularités telles que des abus d’autorité et des cas d’achat de voix subsistent. »
La mission internationale d’observation des élections législatives albanaises a réuni au total 125 observateurs de 32 pays, dont 42 experts déployés par le BIDDH et des observateurs de longue durée, 60 parlementaires et agents de l’AP de l’OSCE et 23 agents de l’APCE.
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