La nécessité de mener une réflexion mondiale sur les implications de la biométrie pour les droits de l’homme
Réponse à Recommandation
| Doc. 12837
| 23 janvier 2012
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- Adoptée
à la 1131e réunion des Délégués des Ministres
(18 janvier 2012). 2012 - Première partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 1960
(2011)
- Thesaurus
1. Le Comité des Ministres a examiné avec
intérêt la
Recommandation
1960 (2011) de l’Assemblée parlementaire sur « La nécessité de mener
une réflexion mondiale sur les implications de la biométrie pour
les droits de l’homme ». Il l’a transmise pour information et commentaires
éventuels au Comité européen de coopération juridique (CDCJ), au
Comité consultatif de la Convention pour la protection des personnes
à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel
(STE no 108) (T-PD), au Comité directeur pour
la bioéthique (CDBI) et au Comité directeur pour les droits de l’homme
(CDDH). Les commentaires reçus ont été pris en compte dans l’élaboration
de la présente réponse.
2. Le Comité des Ministres a le plaisir d’informer l’Assemblée
parlementaire que la Convention pour la protection des personnes
à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel
(STE no 108) est en cours de modernisation
(paragraphe 2.1 de la recommandation de l’Assemblée). En mars 2010,
les Délégués des Ministres ont approuvé ces travaux, dont l’un des
principaux objectifs est d’examiner l’impact des nouvelles technologies
sur la protection des données à caractère personnel, ce qui couvre
les implications de la biométrie. Il convient par exemple de noter
que le document de consultation publié à l'occasion de la Journée
de la protection des données (28 janvier) dans le but de permettre
à tous les acteurs clés en matière de protection des données d’exposer
leur avis sur ce qui doit être couvert par la révision de la convention
fait explicitement référence aux données biométriques. Comme l’Assemblée
parlementaire, le Comité des Ministres considère qu’il serait utile
qu’une réflexion soit menée, dans ce cadre, sur la définition des
« données biométriques ».
3. Le Comité des Ministres observe également que le T-PD examinera
le Rapport d'étape sur l’application des principes de la Convention
n° 108 à la collecte et au traitement des données biométriques,
qui date de 2005, ainsi que sa Recommandation Rec(97)5 relative
à la protection des données médicales. Il convient de noter que
le T-PD prend aussi en considération les implications de la biométrique
dans ses travaux actuels sur la révision de la Recommandation Rec(89)2
du Comité des Ministres sur la protection des données à caractère personnel
utilisées à des fins d'emploi.
4. L’Assemblée parlementaire recommande également que des lignes
directrices soient élaborées à l’intention des Etats membres au
sujet de cadres législatifs qui permettraient de trouver un juste
équilibre entre les intérêts des différentes parties concernées,
notamment entre la sécurité et le respect de la vie privée. Le Comité
des Ministres partage l’avis de l’Assemblée parlementaire quant
à la nécessité d’un cadre législatif régissant l’utilisation des
données biométriques afin de garantir la protection du droit à la
vie privée et de prévenir l’utilisation abusive des données à caractère
personnel. Il propose que le T-PD examine la possibilité de donner
une perspective réglementaire à ses travaux sur les données biométriques
et envisage, ce faisant, d’élargir aux données biométriques le champ
d'application de l’instrument juridique préparé dans le cadre de la
révision de la Recommandation Rec(97)5 relative à la protection
des données médicales.
5. Le Comité des Ministres convient que le Conseil de l’Europe
devrait continuer à suivre l’évolution des technologies biométriques
et à étudier leurs éventuels effets sur les droits et libertés inscrits
dans la Convention européenne des droits de l’homme et les autres
instruments du Conseil de l’Europe relatifs aux droits de l’homme.
Le Comité des Ministres partage les préoccupations de l’Assemblée
face au développement des technologies biométriques, dont les applications
sont très diverses et concernent, entre autres, l’électronique,
l’informatique, les statistiques ou encore la biologie et la médecine.
Cette évolution pose des problèmes en ce qui concerne la protection
des données et la question plus large du respect de la vie privée. Elle
soulève aussi des questions éthiques touchant la protection de la
dignité humaine et de l'intégrité. Ces problèmes ne tiennent pas
aux technologies en soi, mais à la manière dont elles sont utilisées
et dont les données qui en résultent sont traitées, tout particulièrement
les données sensibles telles que celles relatives à la santé, y
compris les données génétiques, qui peuvent avoir été initialement
collectées dans d’autres buts, par exemple à des fins cliniques
ou de recherche.
6. Le Comité des Ministres renvoie dans ce contexte au Protocole
additionnel à la Convention d’Oviedo
Note relatif aux tests génétiques à des
fins médicales et à sa Recommandation Rec(2006)4 sur la recherche
utilisant du matériel biologique d'origine humaine, qui couvre aussi
les collectes d’ADN. Lors de l’élaboration de ces instruments, le
caractère sensible des données génétiques et des autres informations
relatives à la santé a été souligné, de même que les implications
éventuelles de leur réutilisation à d’autres fins et du croisement
des bases de données. Le Comité observe en outre que le CDBI examine
actuellement, dans le cadre de la Convention d'Oviedo, les problèmes
éthiques soulevés par l'utilisation des données génétiques dans
le secteur de l’assurance.
7. Le Comité des Ministres considère, au vu de l’interaction
et de l’impact potentiels des technologies biométriques au niveau
mondial, que la coopération avec l’ONU, l’OCDE et l’Union européenne
est importante, en particulier pour favoriser la cohérence entre
les textes normatifs (paragraphe 3 de la recommandation de l’Assemblée).
Il tient à souligner qu’une coopération fructueuse existe déjà en
matière de bioéthique. Enfin, le Comité des Ministres rappelle que
la Convention d'Oviedo est ouverte à la signature des Etats non
membres du Conseil de l’Europe qui ont participé à son élaboration,
ainsi qu’à celle de l’Union européenne (article 33). Le Comité se
réjouira de toute nouvelle signature et ratification. Il fait remarquer
que d’autres Etats non membres peuvent être invités à adhérer à
la Convention (article 34). Ils doivent pour cela en faire la demande au
Comité des Ministres.