A la lumière de ce qui précède, l’Assemblée parlementaire
invite instamment les Etats membres:
4.1 à collecter des preuves scientifiques par l’intermédiaire
d’études longitudinales sur les effets de l’hypersexualisation des
enfants, en particulier des filles, en compilant des données, afin
de contribuer à la définition de mesures législatives et politiques
adaptées, et en explorant la littérature internationale existante sur
l’hypersexualisation des enfants afin de mieux saisir la gravité
du phénomène et le niveau de connaissances actuel de la communauté
scientifique;
4.2 à adopter des mesures législatives pour poser des limites
à la représentation sexualisée inappropriée des enfants dans les
secteurs des médias et de la publicité, en se fondant notamment
sur la Convention du Conseil de l'Europe sur la protection des enfants
contre l'exploitation et les abus sexuels (STCE no 201,
«Convention de Lanzarote») et sur les lignes directrices contenues
dans la Recommandation CM/Rec(2013)1 du Comité des Ministres sur
l'égalité entre les femmes et les hommes et les médias, tout en
respectant le droit fondamental à la liberté d’expression garanti
par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme
(STE no 5);
4.3 à adopter des politiques et des mesures visant à informer,
éduquer et rappeler aux parents les dangers auxquels leurs enfants
sont confrontés dans un environnement hypersexualisé (ainsi qu’à
les sensibiliser aux indicateurs de souffrance ou de traumatismes
en découlant), et à armer les parents pour instruire leurs enfants
sur ces thématiques très sensibles de manière constructive;
4.4 à adopter des politiques qui développent des programmes
d'éducation sexuelle et relationnelle dans un contexte scolaire,
ainsi qu'un soutien au personnel éducatif chargé de les dispenser,
dans le but d'informer les enfants sur les réalités de la pression
quotidienne à laquelle ils sont confrontés dans les médias, les
écoles et d'autres contextes sociaux, et de les protéger de toute
attention sexuelle non souhaitée;
4.5 à dispenser des formations spécifiques aux professionnels
impliqués dans l’éducation et la garde d’enfants, pour leur permettre
d’adresser aux enfants des messages constructifs et d’engager un dialogue
de confiance avec eux;
4.6 à encourager les organes de contrôle des médias et de
la publicité à assurer la protection de la dignité humaine, en particulier
des droits des enfants; lorsque ces organes n’existent pas encore,
à en encourager la création; et à veiller à ce que des mécanismes
de plaintes efficaces et accessibles soient en place;
4.7 à encourager les secteurs des médias et de la publicité
à protéger la dignité et l’innocence des enfants dans le cadre de
leurs productions, par l’intermédiaire de mécanismes d’autorégulation,
de codes de conduite internes et d’autres actions volontaires, et
informer ces secteurs de l’impact des contenus sexuels explicites
sur les enfants;
4.8 à promouvoir et à soutenir les politiques, organes, stratégies
et outils publics visant à sensibiliser les enfants et les jeunes
à l’hypersexualisation, et à les rendre autonomes pour résister
à de telles tendances, en soutenant des approches et des structures
(telles que les centres pour un internet plus sûr et les lignes
d’assistance téléphonique), et impliquer les enfants dans la conception
des outils et des messages;
4.9 à soutenir l’éducation que les enfants reçoivent de leurs
parents à la maison par la promotion de programmes pour les enfants
qui soulignent les dangers d’une société hypersexualisée, et:
4.9.1 qui sont dispensés à la maison et dans les établissements
d’enseignement (primaire et secondaire), mais également par les
réseaux sociaux, d’une manière adaptée à l’âge;
4.9.2 qui comprennent des informations sur le respect de leur
propre vie privée et le respect des autres;
4.9.3 qui donnent aux enfants les moyens de développer un regard
critique sur les contenus médiatiques, et renforcent la résistance
des enfants aux pressions de leurs pairs, réduisant ainsi les conséquences
néfastes des images sexualisées.