La sécurité en Europe face à de nouveaux défis: quel rôle pour le Conseil de l’Europe?
Recommandation 2235
(2022)
- Auteur(s) :
- Assemblée parlementaire
- Origine
- Discussion
par l’Assemblée le 21 juin 2022 (19e et
20e séances) (voir Doc. 15541, rapport de la commission des questions politiques et
de la démocratie, rapporteur: M. Bogdan Klich). Texte adopté par l’Assemblée le
21 juin 2022 (20e séance).Voir également la Résolution 2444 (2022).
1. La guerre d'agression non provoquée
et injustifiée de la Fédération de Russie contre l'Ukraine a porté un
grave préjudice à l'ordre international et a déstabilisé l'architecture
de sécurité européenne. Elle représente un affrontement entre deux
approches des relations internationales: l'une fondée sur le dialogue,
la coopération et un ordre international établi sur des règles,
et l'autre fondée sur les sphères d'intérêt et sur l’imposition
de choix par le recours à la force.
2. Face à ce défi, il est nécessaire d'affirmer l'unité de l'Europe
autour de ses valeurs et de donner un nouvel élan politique au rôle
du Conseil de l'Europe en tant que pierre angulaire de l’organisation
européenne visant à développer un espace commun au sein duquel a
démocratie, les droits de l'homme et l'État de droit puissent s'épanouir,
dans la poursuite d'une paix fondée sur la justice et la coopération
internationale.
3. L'objectif de rendre l'Organisation «pleinement en mesure
de contribuer à la sécurité démocratique», tel que cela est déclaré
par les chefs d'État et de gouvernement du Conseil de l’Europe lors
du Sommet de Vienne de 1993, est aujourd'hui plus pertinent que
jamais, étant donné l'interdépendance entre le respect des normes démocratiques
au niveau national et une position internationale fondée sur le
respect de règles communes. L'Organisation devrait donc s'attacher
plus clairement à inverser le recul actuel de la démocratie, en
proposant des moyens de rajeunir le fonctionnement de la démocratie
et de promouvoir la résilience démocratique.
4. Dans le même temps, il est important que le Conseil de l'Europe
fasse un meilleur usage de ses organes et mécanismes, qui peuvent
contribuer à renforcer la sécurité démocratique et disposer d'une
plus grande souplesse et d'une capacité de réaction rapide face
aux tendances négatives qui risquent de se détériorer, avec parfois
des retombées au-delà des frontières nationales.
5. À la lumière de ce qui précède, l'Assemblée parlementaire
invite le Comité des Ministres:
5.1 à
mettre en place une initiative pour la résilience démocratique qui,
en s'appuyant sur les travaux des organes et des mécanismes qui
existent déjà au sein du Conseil de l'Europe, suivra l'évolution
de la démocratie dans les États membres et servira de base à un
dialogue politique renforcé pour aider les États membres en question
à faire face aux situations préoccupantes;
5.2 à renforcer l'échange de meilleures pratiques dans tous
les domaines liés à la démocratie et à la gouvernance démocratique;
5.3 à mettre en place un mécanisme de suivi des développements
relatifs à la société civile, à la liberté d'association, à la participation
et à l'engagement des citoyens dans les États membres du Conseil
de l'Europe;
5.4 à envisager de renforcer et d'étendre les activités du
Conseil de l'Europe relatives aux mesures de confiance et à la prévention
des conflits, y compris dans leurs dimensions de société civile
et de coopération transfrontalière;
5.5 à convoquer un 4e sommet des
chefs d'État et de gouvernement du Conseil de l'Europe, qui traiterait
notamment de la promotion de la sécurité démocratique, de la lutte
contre le recul de la démocratie, de moyens de rajeunir la démocratie
et de stimuler l'engagement des citoyens, et de la mise en place
d'un mécanisme d'alerte précoce du Conseil de l'Europe pour faire
face aux menaces pesant sur l'État de droit, les normes démocratiques
et la protection des droits de l'homme.