Conséquences de l'agression persistante de la Fédération de Russie contre l'Ukraine: rôle et réponse du Conseil de l'Europe
Réponse à Recommandation
| Doc. 15624
| 04 octobre 2022
- Auteur(s) :
- Comité des Ministres
- Origine
- Adoptée lors de la
1444e réunion des Délégués des Ministres
(27 septembre 2022). 2022 - Quatrième partie de session
- Réponse à Recommandation
- : Recommandation 2228
(2022)
1. Le Comité des Ministres
a examiné attentivement la
Recommandation
2228 (2022) de l’Assemblée parlementaire «Conséquences de l'agression
persistante de la Fédération de Russie contre l'Ukraine: rôle et réponse
du Conseil de l'Europe».
2. Le Comité des Ministres réitère sa condamnation dans les termes
les plus forts de l'agression armée non provoquée et injustifiée
de la Fédération de Russie contre l'Ukraine et condamne fermement
les violations des droits de l'homme qui sont commises dans les
territoires occupés de l'Ukraine et la poursuite de pratiques de
type colonial imposées par la Fédération de Russie. Il s'agit notamment
des préparations accélérées de prétendus référendums locaux visant
à justifier l'annexion de territoires ukrainiens par la Fédération
de Russie, de la déportation forcée de citoyens ukrainiens vers
le territoire de la Fédération de Russie et de la «russification»
forcée des territoires ukrainiens occupés, y compris dans le domaine
de l'éducation
Note.
3. Le Comité rappelle que le 16 mars 2022, en accord avec l’Assemblée
parlementaire, il a décidé d'exclure la Fédération de Russie du
Conseil de l'Europe à la suite de son agression contre l'Ukraine,
«une telle agression étant en contradiction
flagrante avec les idéaux et principes qui constituent le patrimoine
commun des États membres du Conseil de l’Europe et en violation
du droit international»Note.
4. L’exclusion de la Fédération de Russie étant aujourd’hui acquise,
le Comité estime, à l’instar de l’Assemblée parlementaire, que le
Conseil de l’Europe doit continuer à s’investir pleinement pour
faire face aux conséquences de l'agression persistante de la Fédération
de Russie contre l'Ukraine en particulier en ce qui concerne l’assistance
portée à l’Ukraine, la coopération avec la société civile et la
tenue éventuelle d’un 4e Sommet des chefs
d’État et de gouvernement.
5. S’agissant de l’assistance portée à l’Ukraine, le Comité souligne
qu’à l’occasion de sa 132e Session ministérielle
(19-20 mai 2022, Turin), il a adopté les «Ajustements prioritaires
du Plan d'action du Conseil de l'Europe pour l'Ukraine 2018-2022»,
qui figurent dans le document
CM(2022)89-final et qui recoupent largement les domaines d’activités
identifiés par l’Assemblée.
6. Le document comprend en effet un premier groupe de mesures
visant à apporter un soutien aux autorités pour faire face aux conséquences
en matière de droits de l’homme et de personnes déplacées. Il s'agit
notamment de soutenir les services de protection et les professionnels
du droit qui aident les personnes déplacées, de mettre en œuvre
la Convention européenne des droits de l'homme, de documenter les
violations des droits de l'homme, de protéger les droits des enfants
touchés par le conflit armé, de lutter contre la violence à l'égard
des femmes en Ukraine et des personnes déplacées et, enfin, de protéger
les groupes vulnérables, notamment les Roms, et de prévenir la discrimination.
7. Le deuxième groupe de mesures vise à renforcer la bonne gouvernance
démocratique et l'administration publique en temps de guerre. Le
troisième ensemble cherche à faciliter la mise en œuvre de politiques
de jeunesse participatives afin de prendre en compte les besoins
spécifiques des jeunes en période de guerre. Le quatrième se concentre
sur le soutien à la communauté des médias ukrainiens dans la situation actuelle.
Le cinquième comprend des activités qui renforcent la Commission
électorale centrale, en particulier le fonctionnement, l’assistance
technique et l'hébergement de sa plateforme en ligne «CEC: Prosvita».
8. Enfin, le sixième et dernier groupe se concentre sur le soutien
au fonctionnement du système judiciaire (juridictions ordinaires,
Cour suprême, organes judiciaires autonomes, École nationale de
la magistrature) et l'application de la loi en temps de guerre.
9. Le 1er juin 2022, les Délégués
des Ministres ont chargé le Secrétariat de mettre en œuvre les ajustements
prioritaires et de faire rapport en temps utile à leur Groupe de
rapporteurs sur la démocratie (GR-DEM). Ils ont aussi invité les
États membres et observateurs à fournir des contributions volontaires
afin de compléter le financement actuellement disponible pour ces
ajustements prioritaires
Note. Par ailleurs, un train de mesures
pour «la résilience, le redressement et la reconstruction» qui puisse
répondre aux besoins de la population et aux préoccupations des
autorités ukrainiennes est en cours de préparation et sera proposé
aux autorités afin de contribuer au processus de redressement et
de développement de l'Ukraine, dans le plein respect des normes
du Conseil de l'Europe et des critères de Copenhague.
10. S’agissant de la nomination éventuelle d’un représentant spécial
sur les conséquences de l'agression de la Fédération de Russie contre
l'Ukraine, le Comité prend note de cette recommandation. Il continuera
de traiter efficacement des conséquences de l’agression de façon
collégiale et rappelle que, depuis le 2 mars 2022, un point «Conséquences
de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine» figure
à l’ordre du jour de chaque réunion des Délégués
Note.
11. En ce qui concerne les relations avec la société civile du
Bélarus et de la Fédération de Russie, lors de sa Session ministérielle
à Turin, le Comité a estimé que «
la société
civile joue un rôle essentiel pour atteindre les buts poursuivis
par le Conseil de l'Europe et pour développer la démocratie, les
droits de l'homme et l'État de droit en Europe, y compris en Fédération
de Russie et au Bélarus»2.
Par ailleurs, dans sa Résolution
CM/Res(2022)3 sur des conséquences juridiques et financières de la
cessation de la qualité de membre du Conseil de l'Europe de la Fédération
de Russie, le Comité des Ministres avait noté que, comme l'a également
déclaré l'Assemblée parlementaire dans son
Avis n° 300, «le Conseil de l'Europe prendra des initiatives visant
à soutenir et à collaborer avec les défenseurs des droits humains,
les forces démocratiques, les médias libres et la société civile
indépendante en Fédération de Russie».
12. Le 1er juin 2022, les Délégués
ont chargé le GR-DEM de leur faire rapport au plus tard à leur 1445e réunion
(5 octobre 2022) sur la manière de «poursuivre et renforcer les
relations du Conseil de l'Europe avec la société civile russe et
biélorusse, y compris l'opposition biélorusse en exil, en accordant
une attention particulière aux jeunes, aux médias indépendants et
aux défenseurs des droits de l'homme».
13. Concernant spécifiquement le Bélarus, le 6 juillet 2022, les
Délégués des Ministres ont tenu un échange de vues avec Mme Tsikhanouskaya,
leader de l’opposition bélarusse, qui leur a présenté des propositions
de coopération entre le Conseil de l’Europe et les forces démocratiques
et la société civile du Bélarus. Cet échange de vues est venu nourrir
la réflexion entamée par les Délégués. Pour rappel, le 21 juin 2022, M. Simon
Coveney, ministre des Affaires étrangères et ministre de la Défense
de l’Irlande, Président du Comité des Ministres, a participé dans
l’hémicycle de l’Assemblée parlementaire au Panel de haut niveau
«Défendre la sécurité démocratique en Europe» auquel participaient
également M. Pekka Haavisto, ministre des Affaires étrangères de
la Finlande, Mme Marija Pejčinović Burić,
Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe et Mme Tsikhanouskaya.
14. Par ailleurs, le Comité rappelle que le Groupe de réflexion
de haut niveau mis en place par la Secrétaire Générale à la suite
des décisions adoptées par le Comité des Ministres à Turin (voir
ci-dessous) examinera aussi la meilleure façon de renforcer la coopération
avec la société civile de la Fédération de Russie et du Bélarus.
15. S’agissant d’un 4e Sommet des chefs
d’État et de gouvernement, à Turin, les Ministres des affaires étrangères
ont chargé leurs Délégués d’examiner «s’il
serait souhaitable d’organiser un 4e Sommet des chefs d'État et de gouvernement
du Conseil de l’Europe». Le 1er juin
2022, les Délégués sont convenus de revenir rapidement sur cette
question à la lumière du rapport du Groupe de réflexion de haut
niveau chargé d’examiner les réponses du Conseil de l’Europe aux
nouveaux défis et réalités qui a été mis en place par la Secrétaire Générale
à la demande du Comité.
16. Le Groupe de réflexion de haut niveau a entamé ces travaux
à la fin du mois de juin et commencera à faire rapport aux Délégués
des Ministres «dès que l’opportunité
se présentera et au plus tard à la réunion de passation de présidence
entre l’Irlande et l’Islande» 2.
17. Le Comité est très attaché à la coopération et au dialogue
interinstitutionnel avec l’Assemblée parlementaire en particulier
dans le contexte d’un 4e Sommet et se
félicite que l’Assemblée ait récemment mis en place une commission
spéciale pour contribuer à sa préparation. De son côté, le 13 juillet
2022, le Comité a décidé de créer un Groupe de travail ad hoc ouvert
à tous les États membres et observateurs chargé de réfléchir aux
modalités d'organisation et autres dispositions d'un éventuel 4e Sommet
des chefs d'État et de gouvernement du Conseil de l'Europe. Dans
le cadre de sa réflexion globale sur le sujet, le Comité considérera prochainement
si, comme le souhaite l’Assemblée, le Sommet pourrait se pencher
notamment sur la promotion de la sécurité démocratique, sur les
moyens de contrer le recul de la démocratie, sur les moyens de rajeunir la
démocratie et de stimuler l'engagement des citoyens, et sur la mise
en place d'un mécanisme d'alerte précoce du Conseil de l'Europe
pour faire face aux menaces pesant sur l'État de droit, les normes démocratiques
et la protection des droits de l'homme.