4.3.1 une nette amélioration du statut social des juges et des
procureurs ces dernières années, qui a quasiment permis de mettre
fin à leur dépendance à l’égard du pouvoir exécutif pour ce qui
est du logement et d’autres besoins essentiels, et qui devrait contribuer
à réduire la corruption judiciaire;
4.3.2 des réformes législatives qui prennent en compte les normes
européennes, avec, notamment, la création d’un conseil fédéral de
la magistrature chargé des questions de carrière et de discipline,
et qui ont renforcé le statut des juges dans la loi;
4.3.3 la création d’un comité d’investigation distinct au sein
du bureau du procureur général, qui contribuera peut-être, avec
le temps, à atténuer l’influence écrasante de celui-ci dans les procédures
pénales;
4.3.4 plusieurs lois qui ont été adoptées récemment pour renforcer
l’indépendance du système judiciaire et la protection des avocats
de la défense contre des poursuites pénales injustifiées: de nouvelles
règles prévoient la nomination à vie des juges fédéraux, des dispositions
spécifiques pour engager des poursuites pénales à l’encontre d’avocats
de la défense ont été mises en place et un organe judiciaire spécial
(chambre disciplinaire) a été constitué afin d’examiner les recours
formés par des juges démis de leurs fonctions;
4.3.5 une attitude traditionnellement soumise de nombre de juges
et de procureurs héritée du passé et qui n’a pas encore complètement
disparu; au contraire, malgré un nouveau départ encourageant au
début des années 1990, les juges sont soumis à des pressions croissantes pour
qu’ils prononcent des condamnations dans la grande majorité des
affaires portées devant la justice par le ministère public;
4.3.6 des moyens de pression parmi lesquels figurent toujours
les anciennes méthodes officieuses («justice téléphonée») mais aussi
un système officiel d’évaluation de la performance et des mécanismes
disciplinaires. Le nombre de juges démis de leurs fonctions, pour
différents motifs, est relativement élevé. Les présidents de tribunaux
jouissent d’un pouvoir disproportionné par rapport aux autres juges,
notamment en raison de leur pouvoir d’attribution des affaires.
La protection juridique des juges qui résistent à ce type de pression
est très limitée, les conseils de la magistrature n’ayant pas encore
suffisamment d’indépendance et d’autorité;
4.3.7 des avocats qui continuent de faire l’objet de fouilles,
de confiscations et autres formes de pression contraires aux dispositions
juridiques russes et européennes;
4.3.8 plusieurs affaires très médiatisées, telles que le deuxième
procès de M. Khodorkovski et P. Lebedev, la procédure contre les
responsables et les avocats de HSBC/Hermitage, l’enquête sur le
meurtre de A. Politkovskaïa, le procès de Y. Samodurov et la révocation
du juge Kudeshkina et de plusieurs autres juges, qui font craindre
que la lutte contre le «nihilisme juridique» lancée par le Président
Medvedev soit loin d’être gagnée;
4.3.9 un parlement et des médias qui n’apportent toujours pas
suffisamment de garanties contre les abus, bien que, récemment,
des débats ouverts dans certains médias laissent augurer d’un avenir
meilleur.